Lorène a 18 ans et encore la vie devant elle. Amoureuse de la nature, des promenades à vélo et des barbecues-bières dans les forêts alentour, elle habite à Gondrecourt-le-Château, dans la Meuse. C’est le futur nœud ferroviaire par lequel transiteront les déchets nucléaires avant d’être enfouis sous la terre à Bure, à seulement quelques kilomètres de là. Riveraine d’une usine acquise par l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, afin d’y construire un dépôt à côté de la gare, elle vit sous la menace d’un rachat de sa maison. « L’Andra nous prend déjà nos terres, nos forêts et nos maisons, confie la jeune femme. Et par la suite, je doute qu’on puisse continuer à manger les légumes de notre jardin sans aucune crainte. » Comme pour beaucoup de jeunes du coin, on voudrait l’orienter vers l’armée, dans le secrétariat. Le débouché qui s’offre jusqu’à présent, avec la métallurgie et l’agriculture intensive. Fan de hard rock, son rêve à elle serait plutôt d’aller à la fac à Nancy, de monter une boutique de tatouages et de disques. Et de bouger, le plus vite possible, dès qu’elle aura son permis : « Mes amis me disent que le seul moyen de faire sa vie, c’est de partir d’ici. » L’avenir, ici, semble n’être que nucléaire, de l’enfouissement jusqu’à la production d’énergie. Un choix que les élus et les opérateurs font au nom des générations futures, sans vraiment leur demander leur avis (lire l’épisode 1, « Le nucléaire comme seul horizon »).
EDF est le premier investisseur et le second employeur industriel de la Lorraine (lire l’épisode 3, « Bure et l’argent de Bure »).