Quelque chose cloche sur cette photo aérienne de la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne. L’agrandissement est plaqué sur les algécos du « Tremplin pour l’emploi » installés sur la gauche de la route qui conduit à l’entrée du site. Il faut se retourner et lever les yeux vers l’usine, à droite, pour comprendre que deux des quatre grandes cheminées rayées rouge et blanc manquent sur l’image retouchée. À la place, un vaste champ herbeux s’étale, comme une bizarrerie sur cette plateforme industrielle classée Seveso. Vert, c’est la couleur dont Total souhaite repeindre Grandpuits. Le 24 septembre dernier, la reconversion du site a été dévoilée par voie de communiqué : « Dans le cadre de sa stratégie visant la neutralité carbone, Total prévoit de transformer sa raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) en une plateforme zéro pétrole. » Au passage, l’usine perdra 150 postes, « sans aucun licenciement, grâce à des départs en retraite anticipés et des mobilités internes vers d’autres sites du groupe ». Ce lundi 11 janvier, les raffineurs qui tapent la semelle autour du piquet d’une grève commencée il y a alors plus de huit jours
« Total a largement les moyens de créer une transition à la hauteur de l’emploi : quand on est capable de verser 7 milliards de dividendes à ses actionnaires, on est capable de construire un outil industriel digne de ce nom. Opposer écologie et emploi, plus personne ne fait ça ! », s’indigne David Picoron, élu CGT, dont le portable chauffe.