Quentin est rassuré. « Pour un angoissé comme moi, le confinement permet de faire diminuer la tension, de retirer les doigts de la prise, constate le prof de fac de Dijon en éternelle quête de sommeil. J’avais peu de cours à donner en ce moment de toutes façons, et j’ai décidé de ne pas me lancer dans des projets de recherche ni rien, de lâcher mes ambitions et de me rendre disponible pour les enfants et le jardin. Du coup, je n’ai plus cet abattement devant les responsabilités et l’accumulation de tâches à venir, cette charge mentale qui peut être induite chez moi par une incapacité à gérer le stress et beaucoup d’informations. » C’était l’un des enjeux de la fatigue chez Quentin, l’un des témoins de notre série. Dans les épisodes précédents, nous avions enquêté pour comprendre ce qu’était la fatigue et ce qu’elle disait, de nous et de notre société. Une fois écartés l’épuisement post-effort, les maladies et les apnées du sommeil, il avait fallu se rendre à l’évidence : la fatigue est un symptôme et, à ce titre, ne dit rien en elle-même. Il faut la soumettre à la question. Quand la personne est-elle fatiguée ? À quelles pensées ou émotions est-ce associé ? Qu’est-ce qui dissipe cet état ou se sentiment puisqu’on se « sent » fatigué ?
Dans l’épisode 1 de Grosse fatigue, Nicolas, éleveur dans le Béarn, estimait que sa fatigue permanente relevait d’une attitude à faire « le gaillard », à « tenir » vaille que vaille, en travaillant sept jours sur sept et, le soir, en lisant la presse, des livres, en passant en force.