Les campagnes électorales et leur financement sont des endroits récurrents de la corruption. En particulier lors du scrutin présidentiel, élection « reine » en France, au sein d’un système institutionnel centré autour de l’exécutif élyséen. L’affaire Bygmalion est un classique du genre. En 2012, Nicolas Sarkozy est en lice pour un second mandat mais voit son concurrent socialiste, François Hollande, le devancer avec constance dans les intentions de vote. Il multiplie les meetings (plus d’une quarantaine seront organisés contre quatre prévus au départ) et fait valser le plafond légal des dépenses – le double des 22,5 millions d’euros autorisés pour les candidats arrivés au second tour d’une présidentielle (lire l’épisode précédent, « Bygmalion : fausses factures et vrai procès »). Le moyen pour contourner la loi : une double facturation mise en place par sa société de communication, Bygmalion, qui a permis de faire remonter de l’argent dans les caisses de la campagne. « C’est un système de financement occulte somme toute assez simple, qui aurait dû être découvert plus rapidement », estime Julia Cagé, économiste, professeur à Sciences-Po et autrice d’un livre sur le financement de la vie politique. Il aura fallu presque dix ans pour en arriver à un procès. Débuté en mars, mais repoussé de quelques semaines pour permettre à l’avocat de l’un des principaux prévenus de se remettre d’une hospitalisation pour cause de Covid, il reprend jeudi 20 mai devant le tribunal correctionnel de Paris.