«Les députés de la majorité ont perdu une bonne part de leur superbe et de leur légitimité. Le rapport de force ne sera plus le même à la rentrée… » À l’heure où la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’affaire Alexandre Benalla vient de clore ses auditions, Danièle Obono, députée La France insoumise, en tire les premiers enseignements. Selon elle, plus rien, ou presque, ne sera tout à fait comme avant. La session parlementaire, que la députée juge « interminable », arrive à sa fin. Les travaux reprendront début septembre avec des oppositions de gauche et de droite ragaillardies. Encouragées par la gestion de crise très flottante de l’Élysée, elles en ont profité pour bousculer une majorité accusée d’avoir transformé l’Assemblée en simple chambre d’enregistrement. Danièle Obono se souvient des débuts de ses collègues La République en marche (LREM) dans l’hémicycle, pour beaucoup alors néodéputés, tout comme elle : « Au lendemain de leur élection, ils sont arrivés avec la volonté d’appliquer le programme présidentiel. Mais ça a un peu bougé. Certains n’étaient déjà pas fiers lors des débats sur la loi asile et immigration. Après le plantage de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, ce sentiment a encore grandi dans les rangs de la majorité. »
À l’automne 2017, Les Jours avaient suivi Danièle Obono pendant plusieurs mois, pour ses premiers pas à l’Assemblée nationale. La militante afroféministe et antiraciste découvrait l’exposition liée à son mandat et l’agenda surchargé de tout parlementaire assidu. Avec son collègue Insoumis Ugo Bernalicis, elle avait déjà pris ses marques dans la salle de la commission des lois, au second sous-sol de l’Assemblée, toujours assise en plein milieu des trois rangées de longues tables où planchent les députés de tous bords (lire l’épisode 2 de l’obsession Députée Obono). C’est là, à cette même place, qu’elle a participé aux auditions parfois mouvementées de la commission d’enquête. Les travaux devaient durer un mois, ils ont été bouclés en moins d’une semaine.