Dans la nuit du 13 au 14 mai, un Français d’origines marocaine et espagnole de 27 ans a été tué par balle boulevard de Clichy, dans le IXe arrondissement de Paris. Mis en examen pour meurtre, Martial Lanoir, 50 ans, se présente comme chanteur de rue. Sur divers réseaux sociaux et dans de nombreuses vidéos en ligne, l’homme défend avec ferveur des idées réactionnaires. Je me suis farci une grande quantité de ces contenus. Il y déverse une xénophobie violente (il rejette les personnes étrangères, notamment immigrées, et raconte avoir déjà failli tuer une « racaille » sous le coup de la colère) et un antisémitisme assumé (ses propos sont terribles, nul besoin de les citer ici), le tout mâtiné d’un peu d’extrêmisme catholique.
Pourtant, depuis les premiers articles sur ce drame, l’extrême droite tente de contester le positionnement politique de Martial Lanoir. « Le tueur qu’on nous présente comme un mec d’extrême droite est surtout un complotiste pro-islamiste antisémite », tranche sur Twitter Pierre Sautarel, fondateur du site Fdesouche. Le média Boulevard Voltaire regrette, lui, que les qualificatifs « militant d’extrême droite », « raciste » et « antisémite » soient interchangeables, quand le tueur présumé, au « profil pour le moins atypique », ne serait qu’« un déséquilibré complotiste ».
Car dans les textes, vidéos, chansons et messages audio qu’il diffuse depuis une petite décennie, il n’affirme pas seulement qu’il n’y a jamais eu d’attentats menés par des terroristes islamistes en France (tous l’œuvre, selon lui, des services secrets, notamment israéliens). Il laisse aussi transparaître des croyances ésotériques en matière de santé (il est convaincu d’avoir guéri d’une sclérose en plaques en suivant les conseils du chantre du crudivorisme Thierry Casasnovas et aime rappeler qu’il cultive de l’artemisia, une plante médicinale qui se boit en infusion et qui est liée à des théories du complot), la certitude d’avoir trouvé des vérités sanitaires grâce à des recherches assidues (il peut longuement disserter et avec moult références sur le fait que « le virus du sida n’existe pas ») et la conviction que le corps médical cherche à nous nuire (les vaccins rendent malades à dessein, pense-t-il). C’est justement à la faveur de la crise sanitaire du Covid et à la suite d’un