«Personne n’est préparé à une campagne présidentielle. » Il est 13 heures, en ce dimanche 19 mars, dans le palais omnisports de Paris-Bercy et Nicolas Askevis, le conseiller en communication de Benoît Hamon, tente de se rassurer. Dans un peu plus de deux heures, le candidat montera sur scène pour le plus gros meeting de sa campagne, programmé peu de temps après sa victoire à la primaire de gauche et déjà présenté par certains médias comme celui « de la dernière chance ». La veille, son concurrent à gauche, Jean-Luc Mélenchon, a réussi sa « marche pour la VIe République » entre Bastille et République, en rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes – 130 000, selon lui (pas de chiffres de la police). Passé par différentes agences de pub, Nicolas Askevis n’est pas un spécialiste de la communication politique. Mais assure avoir « souvent fait de l’événementiel ». « Enfin, Bercy, ce n’est pas tous les jours », concède-t-il dans un doux euphémisme. Il est aussi un ami personnel de Benoît Hamon (lire l’épisode 5, « Hamon à l’école normale »). Ils furent colocataires pendant leurs jeunes années militantes, puis le candidat est devenu le parrain de la fille d’Askevis. « Pour faire de la bonne com, il faut avoir un minimum d’affect et de sympathie pour la personne conseillée », estime-t-il, casque sur les oreilles à deux pas de la scène, en contact permanent avec la régie. Sourire de façade et cernes sous les yeux, il tente d’évacuer la pression : « Quand ça joue, ça joue… », résume-t-il, un brin fataliste, sans exclure de procéder à quelques réglages pendant le déroulement du meeting.
Dix caméras ont été installées et une grue surplombe le parterre, où les militants les plus motivés agitent déjà les drapeaux verts, roses et bleu-blanc-rouge préalablement mis à disposition. On aperçoit quelques drapeaux européens aussi. Certains sont « dans le champ des caméras, remarque Askevis, il va falloir faire un peu le ménage. » La réalisation du meeting a été confiée à Adrien Soland, qui filme chaque semaine l’émission La Grande Librairie sur France 5. Un programme tourné en plateau, avec des invités assis et peu de spectateurs, presque intimiste… Pas exactement les dimensions de la plus grande salle de spectacle parisienne. Mais qu’importe, les meetings aujourd’hui sont en grande partie conçus pour la télévision et la scénographie est pensée pour. Surplombés par un écran géant, trois miroirs ont été disposés de chaque côté de la scène, pour «