Gaëlle est française et vit depuis onze ans à Singapour, où elle élève ses deux filles. Elle décrit la stratégie très intrusive choisie par la ville-État pour lutter, sans confinement général, contre le coronavirus qui s’est répandu depuis la Chine voisine. Lundi, les autorités singapouriennes annonçaient 509 personnes touchées et deux décès.
«Pour nous, ça a commencé très rapidement au moment du Nouvel An chinois [fin janvier]. Quelques cas sont arrivés à Singapour, des touristes, et rapidement le gouvernement a bloqué la frontière pour tous ceux qui venaient de Wuhan, avec application d’un contact tracing. C’est à dire que tous les gens détectés et testés positifs à Singapour ont été questionnés : quels avions ils ont pris, avec qui, quels endroits ils ont visités ?
Tous les jours, on a un point sur la situation qui nous dit combien de personnes sont positives et où elles sont allées, par les réseaux sociaux, les journaux mais aussi par WhatsApp, en s’inscrivant au fil Gov.sg, qui envoie deux à trois messages par jour. Ils viennent aussi de lancer une nouvelle appli : tu t’enregistres, tu déclenches ton Bluetooth et ça enregistre toutes tes allées et venues. Avec ça, ils peuvent te dire si tu as été en contact avec quelqu’un qui est malade. Ça aide les autorités dans le suivi.
Tous les cas repérés sont hospitalisés, même les formes très légères avec peu de symptômes, et toutes les personnes qui ont été en contact avec eux depuis leur arrivée à Singapour sont mises en quarantaine. Il y a trois niveaux de quarantaine. Le quarantine order, c’est tous ceux qui ont été directement en contact avec les personnes positives. Le deuxième niveau, le stay-home notice, ce sont des gens sans symptômes qui viennent de rentrer et doivent rester chez eux pendant quatorze jours, sans sortir du tout. Même pas pour faire des courses, ils doivent se débrouiller avec des amis ou se faire livrer. Puis il y a un troisième niveau comme mes filles, qui étaient en Malaisie la semaine dernière avant le blocage. Elles ne doivent pas aller à l’école et doivent éviter les endroits où il y a du monde, mais elles peuvent sortir brièvement. Sinon, les écoles et les magasins sont ouverts normalement.
Les deux premiers niveaux de quarantaine sont contrôlés par le gouvernement. Ils t’appellent tous les jours en vidéo pour savoir si tu es chez toi. Pour ceux qui ne respectent pas la quarantaine, s’ils ne sont pas Singapouriens, leur visa de travail est annulé sur le champ et ils dégagent.