Pauline Puechoultres est interne en premier semestre d’anesthésie-réanimation à l’hôpital de Versailles. Cette étudiante de 24 ans, en septième année de médecine, a commencé le poste d’internat dans le service d’anesthésie en novembre 2019. Jusqu’à il y a trois semaines et le Covid-19. Son stage d’anesthésie se transforme alors en stage de réanimation et la voilà propulsée au cœur de la machine, parmi les patients atteints d’une forme grave du coronavirus qui ne peuvent plus respirer par eux-mêmes et doivent être branchés à un respirateur. Aux Jours, elle a accepté de raconter son quotidien de réanimatrice auprès des patients et au sein de l’équipe de l’hôpital de Versailles parce que, dit-elle : « Tous les jours, on nous annonce des morts, des chiffres d’hospitalisation, des chiffres de réanimation. Je ne vois pas très bien à quoi ça sert à part être anxiogène. C’est en interrogeant des gens de l’intérieur qu’on peut avoir des informations précises qui n’ont pas juste pour but de faire flipper tout le monde mais d’informer et de dire la vérité. »
De l’anesthésie à la réanimation
« Jusqu’à il y a trois semaines, j’étais uniquement au bloc opératoire dans la partie anesthésie. Et puis les salles de réveil ont progressivement été transformées en salles de réanimation. D’abord, on a arrêté de prendre les chirurgies programmées, on ne faisait plus que les urgences. Et après on a arrêté les urgences, qui sont allées dans des cliniques alentours, et on ne fait plus que de la réanimation de Covid dans des salles de réveil : ce ne sont pas des chambres individuelles mais des sortes d’open spaces. Dans ma spécialité, l’anesthésie-réanimation, il y a des stages de six mois et j’alterne entre anesthésie et réanimation. Mais à partir du moment où les salles de réveil sont consacrées à des patients de réanimation, qu’il n’y a plus de bloc opératoire, c’est normal pour moi de “switcher” d’une spécialité à l’autre, parce que ça fait partie de ma formation et qu’il y a besoin d’aide. Ça s’est passé très naturellement. »
Des patients en coma artificiel
« Chez les patients Covid, il y a plusieurs catégories : les patients asymptomatiques, qui sont porteurs sains du virus ; les patients qui vont faire des petits symptômes type toux, courbatures, fièvre, mais qui pourront rester à la maison ; une troisième catégorie de patients plus graves qui, eux, ont besoin d’oxygène dans le nez en permanence, qui sont très fatigués. Ceux-là sont hospitalisés : on les surveille de plus près parce qu’on sait que ça peut se dégrader.