C’est une avant-dernière place qui fait tache. En huit jours, la France n’a vacciné que 516 personnes : lundi matin, elle se retrouvait ainsi juste devant le Costa Rica, lanterne rouge du classement établi par Bloomberg, qui mesure le degré d’avancement des campagnes de vaccination pays par pays. Ces 516 personnes — un chiffre qui serait passé à « quelques milliers » ce lundi, annonce le ministre de la Santé Olivier Véran – sont surtout ridiculement peu par rapport aux 4,23 millions de doses administrées aux États-Unis et aux 948 000 injectées au Royaume-Uni. Pour se consoler, on peut se dire que ces pays ont démarré leur campagne plusieurs semaines avant. Mais la comparaison n’est pas non plus à l’avantage de la France si on regarde ce qui se passe chez deux voisins où le top départ s’est fait en même temps : en Allemagne, 239 000 personnes ont été vaccinées contre le Covid-19 ; en Italie, 85 000.
Du coup, oubliée Mauricette, la première personne à avoir été vaccinée devant les caméras – et dont les premières paroles avaient été différemment interprétées (lire l’épisode 32, « Attention, ça va piquer »). Voilà revenus le spectre de la pénurie de masques et celui des tests qu’on n’a pu faire qu’une fois le premier confinement terminé. Et forcément, on se demande si le gouvernement est encore en train de tout rater et si, comme le dénonce Jean Rottner, président Les Républicains de la région Grand-Est, on est de nouveau face à « un scandale d’État ». Signe en tout cas que cette situation fait honte au pouvoir, Emmanuel Macron montre partout qu’il n’est pas content. Devant les Français, lors des vœux du 31 décembre, le président de la République a promis qu’il ne laisserait pas « une lenteur injustifiée s’installer pour de mauvaises raisons » et que « chaque Français qui le souhaite doit pouvoir se faire vacciner ». Selon Le Journal du dimanche, il aurait même été beaucoup plus clair en privé, lançant à des interlocuteurs : « Nous sommes sur un rythme de promenade en famille, et ce n’est à la hauteur ni du moment, ni des Français. Moi je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit. Et j’attends de tous le même engagement. Or là, ça ne va pas. Ça doit changer vite et fort et ça va changer vite et fort. » Ce lundi en fin d’après-midi, une réunion sur la question de la vaccination a ainsi été ajoutée à l’agenda d’Emmanuel Macron afin de montrer son souci d’« accélérer » la campagne.
Ce qui est surprenant dans cette nouvelle polémique, c’est qu’il n’y a pas de pénurie.