À 63 ans, Jean-Marc Rouillan adore raconter des histoires et donner son avis. Mais l’ancien membre d’Action directe risque gros à chaque fois qu’il s’exprime. Le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné ce mercredi 7 septembre à huit mois de prison ferme pour apologie du terrorisme.
Rouillan, qui a passé vingt ans de sa vie en prison, était poursuivi pour avoir qualifié les jihadistes responsables des attentats de Paris de très courageux
, en février. Moi, je les ai trouvés très courageux, en fait. Ils se sont battus courageusement : ils se battent dans les rues de Paris [alors qu’ils] savent qu’il y a 2 000 ou 3 000 flics autour.
Il s’exprimait dans La Grande Tchatche, une émission de la station associative marseillaise Radio Grenouille, en partenariat avec le mensuel satirique phocéen Le Ravi. Le tribunal considère que Rouillan a exprimé de l’empathie pour les auteurs des attentats de janvier et de novembre
en réfutant leur lâcheté
et en estimant que leur seul tort était d’être réactionnaires
. L’apologie du terrorisme est indéniable
, selon le tribunal.
Ce qu’on demande principalement à Jean-Marc Rouillan, c’est de se taire, se retirer de la scène et rester discret.
L’avocat de Jean-Marc Rouillan, Gérald Pandelon, s’est dit déçu
de cette peine lourde
même si elle reste inférieure aux réquisitions du parquet (un an). Il estime que son client aurait dû être relaxé
. Pour lui, les limites de la liberté d’expression n’ont pas été franchies
. Ce qu’on demande principalement à Jean-Marc Rouillan, c’est de se taire, se retirer de la scène et rester discret
, a commenté de son côté Guillaume Denoix de Saint-Marc, de l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT), qui s’était portée partie civile comme plusieurs victimes du 13 Novembre à titre individuel.
La défense de Jean-Marc Rouillan a dix jours pour faire appel. En cas de condamnation définitive, le parquet pourrait saisir le juge d’application des peines pour demander à ce que la libération conditionnelle de Jean-Marc Rouillan soit révoquée.
La veille du délibéré, Christian Etelin, l’autre avocat de Rouillan dans cette affaire, réaffirmait aux Jours que même si le mot était maladroitement employé
, ces propos ne peuvent pas être considérés comme une apologie du terrorisme, puisqu’ils ont été prononcés dans un contexte où il ne justifie pas l’action des terroristes mais la condamne et combat leur idéologie
. En l’occurrence, dans le même entretien – laborieux et confus –, Rouillan qualifiait l’État islamique de