Daft Punk, Random Access Memories (Drumless Edition) (Daft Life Limited/Columbia, 2023)
Pourquoi ? Face à la nouvelle réédition de Random Access Memories, l’ultime album de Daft Punk, cette fois-ci dans une curieuse version « drumless »
Comme les Daft Punk n’ont, comme d’habitude, pas expliqué leur démarche, ne restent que des théories plus ou moins fantaisistes : l’enlèvement des fils de Thomas Bangalter par une secte antibatterie qui a exigé une rançon, une basse histoire de contrat à solder avec Sony Music, une grosse blague ou l’envie de s’acheter une septième piscine en profitant jusqu’au bout des fans capables de mettre 50 euros pour avoir un album qu’ils ont déjà mais avec un instrument en moins ? Ou alors les Daft poursuivent un tout autre but dans cette version apaisée d’un album souvent trop clinquant dans son hommage au soft rock et aux requins des studios américains des années 1970 et 1980. Car une fois privé des parties de batterie pourtant interprétées par des grands noms comme John JR Robinson (qui a notamment joué sur Bad de Michael Jackson) et Omar Hakim (David Bowie, Miles Davis…), Random Access Memories devient un autre disque. Son double chill. C’est même surprenant que le seul geste de supprimer le rythme transforme à ce point cet album et le rééquilibre face à son principal défaut, qui est de beaucoup regarder dans le rétroviseur sans proposer grand-chose d’autre à la musique d’aujourd’hui, alors que c’était le talent des Daft Punk jusque-là.
Dans cette version drumless, les chansons fortes (qui n’a pas encore Get Lucky en tête dix ans plus tard ?) et les orchestrations luxueuses subissent un lavage de cerveau plus ou moins bénéfique.