Démission de Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), pour protester contre la mainmise du gouvernement, lancement en catastrophe d’un site ne permettant pas la discussion et rempli de questions biaisées… Le grand débat était très mal parti. Va-t-il mieux se terminer et devenir un véritable moment de discussion entre les Français et le pouvoir ? Réponse : ce n’est pas gagné. Certes, la mobilisation des Français est bien là (plus d’un million de personnes ont répondu aux questions sur le site du grand débat, près de 9 000 réunions devraient être organisées dans toute la France…) et le gouvernement peut crier victoire sur ce point. Mais pour le reste, l’amateurisme règne. Alors que les contributions seront closes le 18 mars, soit dans à peine vingt jours, les prestataires choisis pour analyser la parole des Français viennent à peine de se mettre au travail. Et, afin d’arriver à tenir les délais pour un rendu début avril, ils vont utiliser des méthodes de traitement par algorithme, permettant de trier la masse des documents reçus. Du coup, on ne voit pas comment l’exécutif arrivera à tenir la promesse faite par Sébastien Lecornu, ministre délégué et coanimateur du grand débat, de « tout lire » et, comme il est indiqué sur la plateforme internet, de « prendre en compte tous les avis et propositions exprimés » au cours de cette consultation pour y apporter dans les délais une réponse politique. Déjà, le collège des garants, mis en place pour veiller à la « bonne tenue des débats », multiplie les mises en garde et les critiques voilées au gouvernement afin, si ça tourne mal, de ne pas être dans le viseur des gilets jaunes.
Pour vous rendre compte du manque de professionnalisme qui règne à la mission du grand débat (conduite par les équipes de Matignon et du ministère de l’Écologie), commençons par une anecdote. Mercredi 13 février, l’Élysée envoie à la presse un compte-rendu du conseil des ministres (comme c’est l’usage). Une large place est consacrée au grand débat et au choix des prestataires. Il y est indiqué que