C’était sa créature, à Vincent Bolloré. Celle qu’il avait choisie personnellement pour incarner la nouvelle ère de Canal+ en l’installant à la présentation du Grand Journal. Celle à laquelle il s’était à ce point lié qu’il lui promettait dans l’émission une longévité calquée sur la sienne, jusqu’au 17 février 2022, quand il prendra sa retraite, pour les 200 ans du groupe Bolloré. Et puis un communiqué de Canal+, le 2 juin dernier, a réglé son compte à Maïtena Biraben. Mais il faut croire que ce n’était pas suffisant : selon nos informations, l’animatrice est licenciée pour « faute grave », et elle est déjà mise à pied depuis la semaine dernière. Maïtena Biraben a l’intention d’attaquer aux prud’hommes.
On finirait presque par être blasés. La vieille technique de la faute qu’on colle sur le dos de ceux dont on veut se débarrasser. Le numéro 2 de Canal+, Rodolphe Belmer, viré en juin 2015 ? « Faute grave ». Le chef du pôle gratuit du groupe, Ara Aprikian, viré fin juillet 2015 ? « Faute grave ». Patrick Menais, le patron du Zapping ? Ah, « faute lourde ». Lui a eu droit à la sanction la plus élevée. Dans ce dernier cas, la faute est toujours là. Dans les deux premiers, la sanction a été abandonnée pour procéder à des négociations. Une façon, souvent, de faire peur, de mettre la pression, histoire que le viré ne fasse pas d’histoire. Bim, une faute sur le dos pendant qu’on retire les parapheurs, qu’on coupe les mails, qu’on change les serrures des bureaux, qu’on désactive les badges. C’est la méthode Vincent Bolloré. Lors d’un comité d’entreprise de Canal+ au sujet des départs de Belmer et d’Aprikian, il avait déclaré : La haute direction d’une grande maison mérite un peu de terreur, un peu de crainte.
Il a agi de même en 2005 en prenant le contrôle d’Havas, déclenchant contre ses dirigeants et notamment Alain de Pouzilhac une véritable campagne, procès à l’appui, tous perdus. Jusqu’alors, la pratique était rare au sein du groupe Canal+, et la faute lourde encore plus : des salariés ayant trempé dans des affaires de piratage d’abonnements à la chaîne cryptée sont ainsi partis avec une faute grave.
Avec Maïtena Biraben (qui n’a pas souhaité répondre aux questions des Jours), c’est encore différent. Le 2 juin dernier, quand Canal+ balance son communiqué, on était encore dans les amabilités de circonstance :