Allez, allez, tout doit disparaître. Pour un Rodolphe Belmer viré, nous vous offrons également non seulement la tête d’Ara Aprikian, mais aussi celle de Bertrand Meheut et celle de Thierry Thuillier. Allez, il nous en reste un peu, on vous les met quand même ? Hop : la directrice du cinéma, ouste la patronne d’i-Télé, dehors celle de CanalSat, tchao le chef de StudioCanal, celui de la régie pub, la secrétaire générale, la DRH, si, si, on insiste, ça nous fait plaisir. Et on vous fait le tout à, allez, 29 millions d’euros. Oui, 29 millions d’euros. Selon nos informations, c’est ce qu’il en a coûté, en 2015, à Vincent Bolloré, ou plutôt à Canal+ pour faire le ménage en grande partie parmi l’état major du groupe. Ça fait un peu cher la charrette, mais que voulez-vous : quand on n’aime pas, on ne compte pas.
29 millions d’euros, donc. Minimum. Selon les résultats financiers présentés fin 2015 lors d’un « comité de management » de Canal+ que se sont procurés Les Jours, la réorganisation
(qu’en termes délicats ces choses-là sont dites…) aura coûté 29 millions d’euros à fin novembre. Soit quatre millions de plus qu’annoncé au trimestre précédent, alors que rien n’avait été prévu dans le budget 2015. Pas sûr que Vincent Bolloré se vante de ce chiffre lors de la présentation des comptes annuels de Vivendi qui a lieu ce jeudi 18 février en fin d’après-midi. Les mauvais résultats attendus, tant au niveau des abonnements que des pertes du groupe, devraient être dissimulés derrière l’annonce d’un accord de distribution exclusive de BeIn Sports, la rivale qui lui tond les droits sportifs sur le dos depuis quelques années.
Un deal qui camouflera aussi ces fameux 29 millions d’euros claqués vite fait. Si Rodolphe Belmer et Ara Aprikian, respectivement numéro deux de Canal+ et patron du pôle gratuit (D8, D17, i-Télé), ont été débarqués en juillet dernier, une bonne partie de la charrette a eu lieu en une seule journée, le 3 septembre, le jour où le proprio de Vivendi (du moins son premier actionnaire avec environ 15 % du capital) est également devenu roi de Canal+ (en vrai, on dit président du conseil de surveillance).
J’espère que vous n’avez pas eu trop peur des purges possibles.
Ce jeudi 3 septembre est un écho au lundi 6 juillet (dont nous vous entretenions dans un épisode précédent) où s’était tenu, déjà, un « comité de management » au cours duquel Bolloré avait infligé une dégelée collective aux cadres.