Sur la photo publiée par Les Jours, il est au milieu. D’une vague de collègues. D’un ressac de micros et de caméras tendus vers lui. D’une crête de panneaux « #jesoutiensITélé » brandis à bout de bras. Dans l’écume des smartphones. Alors quand je rencontre Antoine Genton, ce dimanche suspendu entre deux semaines de grève à i-Télé, c’est la première question, noirdésiréenne, que je lui pose : « Ça fait quoi d’être au milieu ? » Au milieu de la tempête Bolloré, dans l’œil du cyclone i-Télé, en première ligne en tant que président de la Société des journalistes (SDJ) d’i-Télé et Canal+. D’autres se feraient mousser, tiendraient de grands discours egocentrés sur leur fonction. Antoine Genton, lui, se pose. Il réfléchit avant de parler : « Ce qui est important, c’est de sentir qu’il y a des gens derrière moi, tout autour : sur la photo, c’est ça. Être au milieu, c’est quelque chose qui engage. » Il se pose et se la repose, cette question. Rappelle quelques jours plus tard pour compléter sa réponse : « Être au milieu, ça fait du bien, particulièrement dans cette crise parce que je suis soutenu, je ne suis pas seul. C’est quelque chose, l’importance de l’équipe, dont on parle en école de journalisme, qu’on éprouve, qu’on ne se dit pas souvent, ça prend du temps. »
Et c’est au nom de l’équipe qu’il est là et a accepté l’exercice un peu intime du portrait « pour parler de ce qui se passe à i-Télé, j’ai pas envie de tirer la couverture à moi, je ne suis qu’une voix et un visage parmi les autres ». Et c’est aussi au nom de l’équipe qu’il a choisi le lieu du rendez-vous, une chaleureuse brasserie du centre de Paris, affiches de théâtre, vieux plans de métro au mur, banquettes extirpées d’antiques rames, velours rouge. « C’est un endroit important pour moi à cause d’i-Télé. » Quand la chaîne déménage à Boulogne, aussi riche en buildings de verre et béton que pauvre en rades, l’équipe d’Intégrale week-end qu’il présente les vendredi, samedi, dimanche, se cherche un point de chute ouvert tard, dans le centre de Paris. « Pendant trois saisons, le dimanche soir, c’est devenu notre QG. On venait là vers minuit et demi - une heure et on restait jusqu’à 3-4 heures du matin, à discuter, boire des coups, manger. C’est un endroit d’équipe, festif où on a parlé de notre boulot, en nous critiquant, où on a ri, où on s’est dit des choses. »
Mais ce dimanche-là, pour cause de match de foot à l’intérieur, on se réfugie en terrasse.