Du cannibale japonais à l’affaire Lola : responsables mais irresponsables
L’ouverture, ce lundi, du procès d’Essia B. met en lumière le rôle des expertises psychiatriques dans la poursuite, ou non, des procédures criminelles.
Ses treize séjours en hôpital psychiatrique en dix ans n’y changeront rien. Essia B. comparaîtra dès ce lundi devant la cour d’assises de Paris pour « destruction du bien d’autrui ayant entraîné des incapacités inférieures à huit jours, d’autres supérieurs à huit jours et la mort ». Elle est accusée d’avoir mis le feu au 17 bis rue Erlanger, dans le XVIe arrondissement parisien, dans la nuit du 4 au 5 février 2019. Dix personnes sont décédées, plusieurs dizaines ont été blessées (lire l’épisode 1, « Incendie de la rue Erlanger : les troubles mentaux à la barre »). Après trois expertises psychiatriques ordonnées pendant l’instruction, tous les avis ont convergé : son comportement n’était « pas induit par des hallucinations ou une activité délirante ». Et si « l’ensemble des troubles de la personnalité justifie de conclure que son discernement a été altéré », il n’était pas aboli lors de l’incendie. Des expertises qui ont mené le juge d’instruction à déclarer Essia B. responsable pénalement. Pendant trois semaines, elle devra donc répondre des faits qu’on lui reproche.
À la fin de l’année dernière, une autre affaire a rappelé le poids de l’expertise psychiatrique dans les procédures criminelles. Via une simple formulation – « aucun trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli ou altéré son discernement » –, Dahbia B. s’est rapprochée de la possibilité d’être jugée pour le meurtre et le viol de Lola, 12 ans, le 14 octobre 2022 à Paris. Le psychiatre qui a examiné cette jeune femme, dont la « dangerosité, sur le plan social, doit retenir toute l’attention », a estimé que le « trouble grave et complexe de sa personnalité » n’est pas de nature à avoir aboli le contrôle de ses actes. Ces éléments, dévoilés par Le Parisien, ne sont sûrement que les premiers d’une longue liste concernant le profil psychologique de celle qui a avoué le meurtre de la fille de la gardienne de l’immeuble du XIXe arrondissement dans lequel elle logeait. Cette première expertise, ordonnée par le juge d’instruction, sera probablement suivie d’autres avis, comme dans la quasi-totalité des affaires criminelles. La défense a le droit de demander une contre-expertise. Si les conclusions divergent, un autre collège de psychiatres peut avoir à se prononcer. Le profil de Dahbia B. n’a donc – malheureusement – pas fini d’alimenter les conversations médiatiques. Mais si toutes les expertises concordent, la femme au