De Grenoble
Ichrak est une timide repentie. Qui s’est soignée aux réseaux sociaux à haute dose : « Quand je suis arrivée d’Algérie en France, en troisième, j’étais vraiment très effacée et ça m’a aidé à communiquer avec les autres. » Écrire, relayer ou commenter des posts sur Twitter, Instagram et Snapchat est l’une de ses principales occupations quand elle n’est pas au lycée. Pendant les vacances, Ichrak peut rester rivée à son smartphone jusqu’à « sept heures par jour », reconnaît l’élève de la terminale G4 lorsque Pascale Jouvet, enseignante de sciences économiques et sociales et coprof principale de sa classe (lire l’épisode 1, « À Grenoble, back dans le bac »), l’interroge sur ses loisirs. Ce vendredi, l’emploi du temps des terminales a été banalisé au lycée Emmanuel-Mounier de Grenoble, où Les Jours suivent la réforme du bac
Pas de cours donc pour Ichrak et ses camarades, mais différents temps dédiés à leur orientation : un entretien individuel avec un prof, un brief collectif d’Élodie Henry, la « psy-EN » de Mounier et, l’après-midi, des rencontres au forum des formations que Joseph Sergi, le proviseur de l’établissement, est parvenu à maintenir en « présentiel ». Même si l’échéance du bac se rapproche sérieusement, les lycéens ne sont plus à un trou près dans leur emploi du temps : depuis le 16 novembre, ils suivent les cours en demi-groupes, venant sur place une semaine sur deux le matin ou l’après-midi.
Un rythme qu’apprécie Ichrak, qui résume son premier confinement en trois mots : « Ennui, stress et décrochage scolaire. » « Je ne suis pas très autonome, j’ai besoin de quelqu’un pour m’accrocher », expliquait-elle le mois dernier (lire l’épisode 5, « “On fait notre maximum pour concilier l’éducatif et le sanitaire” »), alors que le doute planait sur une possible fermeture des lycées au lendemain du reconfinement décrété le 30 octobre par l’État. Le 5 novembre, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer se voulait rassurant en annonçant un « plan de continuité pédagogique garantissant 50 % de cours en présentiel ». Philippe Raspail, le proviseur adjoint du lycée Mounier, avait dû retourner à ses tableurs (lire l’épisode 3 de la saison 1, « La diplomatie du Rubik’s Cube ») pour organiser cet énième chassé-croisé des élèves.
Ichrak a rendez-vous à 10 h 30 pour son entretien individuel d’orientation, pas besoin de se lever aux aurores.