Cette semaine, il y a un élève en moins en 3e B. Lundi, K. est passé en conseil de discipline. Avant les vacances de février, K. a insulté et menacé une enseignante durant un cours. Le conseil de discipline a prononcé une exclusion définitive de l’établissement avec sursis. Si l’élève ne commet pas à nouveau des faits du même ordre, il restera scolarisé à Aimé-Césaire. S’il récidive, son exclusion sera effective et il sera aussitôt affecté par le rectorat dans un autre collège. Le lendemain du conseil de discipline, K. a cependant été changé de classe. Il est passé en 3e C. Pour ne plus être en cours avec l’enseignante qu’il avait menacée. Mardi après-midi, nous l’avons aperçu de loin avec sa nouvelle classe.
Contrairement aux autres élèves de 3e B, K. n’a pas eu son portrait avec photo (le petit rond qui apparaît dans la marge de droite) dans cette série des Jours. Il avait refusé d’être photographié. Et s’était prêté à reculons à l’exercice de l’interview qui me permet de mieux connaître chaque élève de la classe. C’est pourquoi j’ai choisi de ne pas donner non plus son prénom. Mais son histoire est intéressante, parce qu’elle dit beaucoup de ces élèves qui entretiennent des relations chaotiques avec l’école. Parce qu’elle raconte toute la complexité pour les profs et les équipes de direction de trouver des réponses adaptées aux comportements de rupture. Et témoigne de cet équilibre si fragile sur lequel repose une classe. Un équilibre qu’un incident, un nouvel élève, ou parfois juste un mauvais horaire de cours, est susceptible de faire basculer à tout instant. La bascule est parfois momentanée, rattrapée au vol par l’enseignant ou par la force du collectif qu’est la classe. En quelques minutes, ou au cours suivant, l’équilibre est retrouvé. Et puis parfois, non. Le bruit et le désordre général prennent le dessus. Ou quelque chose dérape, qu’on ne peut rattraper. Comme des insultes ou des menaces.
K. répète souvent qu’il veut arrêter l’école
quand il aura 16 ans, l’an prochain. Il dit aussi qu’il n’aime pas ce collège. L’ambiance est trop calme. C’est rien ici.
K. est beaucoup dans la provocation. Il n’en est pas à son premier conseil de discipline. Cette année, il a déjà été exclu du collège Daniel-Mayer, un établissement proche, vers la porte de la Chapelle, toujours dans le nord de Paris. Avant d’arriver à Aimé-Césaire en janvier, il était déjà passé par une « classe relais », destinée aux élèves au bord du décrochage.
Les premières semaines à Aimé-Césaire s’étaient plutôt bien passées.