Qui était pour le droit à mourir dans la dignité, déjà, lors du dernier débat télé de la primaire ? Benoît Hamon, non ? Eh bien il serait sage que le Parti socialiste se range derrière son nouveau champion, parce que là hein. Cette journée de lundi a atteint des sommets inégalés de… Voyons, cherchons les termes les plus précis pour décrire ça : foutage de gueule généralisé ? Suicide en direct ? On vous laisse choisir mais toujours est-il que, 24 heures après le premier tour de la primaire, impossible de savoir non seulement combien de votes ont été enregistrés mais aussi quels sont les résultats.
Reprenons. Dimanche soir, l’électeur hamoniste est allé se coucher sur cette info : youpi, son Benoît Hamon adoré a remporté le premier tour de la primaire avec 36,35 % des scrutins, soit 454 041 voix, suivi de Manuel Valls avec 31,11 % et 388 603 votes. C’est alors ce qu’affiche le site de référence, celui des Primaires citoyennes. Une nuit plus tard, le même électeur hamoniste retourne sur le site pour vérifier qu’il n’a pas rêvé. Et Benoît Hamon récolte toujours 36,35 % des suffrages et Manuel Valls toujours 31,11 %. Un léger détail cependant : Hamon récolte désormais 582 014 voix et Valls 498 114. Hoho. Et il en va de même pour chacun des candidats qui recueille le même pourcentage des votes que la veille mais se voit le lendemain doté d’un nombre singulièrement plus élevé de voix, au total quelque 350 000 de rab. Les votes qui n’étaient pas encore parvenus dimanche soir, nous direz-vous. Oui mais comme par magie, les pourcentages n’auraient pas été affectés par le nouvel arrivage massif de bulletins ? Impossible.
Et c’est là que la saga de ce lundi a démarré. A coups d’explications vaseuses, d’aveux embrouillés et d’explications incompréhensibles. Ainsi, à Libération qui l’interroge en milieu de journée, Christophe Borgel, le député en charge du comité d’organisation de la primaire parle de « bug » et même de « bug sur bug ». Halala, les machines, vous savez ce que c’est, on ne peut pas leur faire confiance, à croire que le système informatique de la rue de Solférino a été marabouté par Macron. Ou Mélenchon. Ou Fillon. Enfin bref. Au Monde, le même Borgel explique que l’actualisation de la participation « aurait automatiquement ajouté des voix (en même proportion) aux candidats ».
Et Borgel a terminé sa rude journée par un argument encore inédit sur RTL où il a plaidé « l’erreur humaine » d’un permanent qui aurait mis en ligne « le nouveau nombre de votants sans chercher à regarder où on en était des résultats. » Bref : un humain ou une machine aurait ajouté les fameuses 350 000 bulletins au prorata des pourcentages de voix obtenus.