À Reims (Marne)
Nous avons transporté le pupitre à discours de Xavier Bertrand. Un trésor en plexiglas blanc. La surface est réputée anti-traces de doigts et anti-reflets (si jamais les flashs mitraillent). À 20 minutes du meeting, Jean-Marc Roze, adjoint au maire de Reims, dans la Marne, est venu trouver les deux inconnus qui tenaient les murs de la salle polyvalente : le photographe et le reporter des Jours. « Hé, vous deux, là ! » Nous avons obéi. L’adjoint aux finances est un ancien chef d’entreprise, qui en dirigea vingt-quatre et qui sait commander. Il a désigné le coffre ouvert de sa BMW. Son butin était couché sur le flanc : « Je me suis embêté à le prendre ce matin à la mairie. » L’objet pesait une vache morte. Impression de transbahuter une malle avec le butin d’un braquage. Nous avons ajusté nos masques chirurgicaux comme des cagoules. Deux-cents mètres de manœuvre. « Posez-le là. » Nous l’avons posé. Puis un collaborateur de Xavier Bertrand est arrivé et a dit : « Merci pour le pupitre, mais il est un peu haut. On va plutôt prendre les mange-debout. »
La salle Rossini se situe à l’écart du centre de Reims, face à un hypermarché, derrière une station de lavage Eléphant bleu. Avant d’entrer, une dame demande : « Pourquoi ils n’ont pas réservé le Zénith ? » L’équipe de Xavier Bertrand a choisi le même lieu que Nathalie Arthaud pour la fête régionale de Lutte ouvrière. La jauge maximale est de 200 personnes. Il y en aura 70 ce vendredi. C’est bien pour un midi, lendemain de 11 novembre, mais c’est peu pour écouter le président de la région Hauts-de-France, un ancien ministre, un des derniers pilastres de l’époque Sarkozy, candidat à la primaire fermée des Républicains (lire l’épisode 1, « Chez LR, chacun cherche son chef »). Décidément, ce scrutin limité aux adhérents (le premier tour se tient les 1er et 2 décembre ; le second, les 3 et 4) ne passionne pas les masses, mais, après tout, il n’ennuie pas davantage que la vie des autres partis. L’adjoint Jean-Marc Roze justifie le rendez-vous en petit comité : « Xavier va partout où on l’invite. Il est à sa place ici. Il parle des classes moyennes, du travail et de l’autorité de l’État. C’est la méritocratie ; c’est la province ; c’est le goût de l’effort. Il n’a pas fait de grandes études. Moi, c’est pareil. Je suis né dans une famille de malentendants, très pauvres. J’ai commencé employé et j’ai fini PDG. »
La campagne interne de la droite et du centre ressemble à une page Facebook.