Il est là, assis dans le box des accusés. Derrière lui, un policier en uniforme pour le surveiller. La sonnerie retentit. La présidente, les juges, le ministère public entrent. Karim M., dit « Bylka »
Sans sourciller, Bylka scanne la salle et s’assoit. À quelques mètres de lui, un autre prévenu, qu’on aperçoit à peine, Ahmad M. Il est surnommé « l’Hindou », bien qu’il soit pakistanais. 58 ans, cheveux blancs en vrac et pantalon de jogging noir strié de trois bandes blanches sur toute la longueur. Déjà condamné par le passé pour escroquerie, il a réussi à se faire enregistrer comme informateur par deux services de police… tout en étant recherché. Assis face à eux, six autres prévenus comparaissent libres, parmi lesquels Diabira A., 53 ans. Lui est recroquevillé sur lui-même, emmitouflé dans une doudoune qu’il refuse de retirer. Il a rencontré l’Hindou en prison. À leur sortie, il aurait organisé la rencontre avec Bylka, son ami d’enfance. Le flic en a fait ses informateurs. Bylka assure ne pas avoir su à l’époque que l’Hindou était recherché. La présidente Isabelle Prévost-Desprez s’étonne. « Vous passez tout le monde au fichier mais pas votre indic ? » À la barre, Diabira A. déclare qu’il a accepté de jouer les informateurs « pour rendre service à [s]on ami Karim M., l’aider à faire des belles affaires pour progresser dans sa carrière ». À sa droite, le policier Aaron B., physique sec, cheveux rasés qui peinent à cacher sa calvitie. Il s’est mis sur son 31 : veste de costume cintrée bon marché, chaussures de ville à bout pointu.