Paris-Coulommiers : 1h01. Ligne P du Transilien tout neuf, coloré, qui file vers l’est, à travers des kilomètres de banlieue puis de champs raplaplas de terre grasse. Terminus Coulommiers, en Seine-et-Marne, soleil rasant d’hiver sur un centre-ville coquet truffé de belles bâtisses XIXe. Comme l’hôtel de ville où je retrouve Franck Riester, maire et député Les Républicains (LR), que Les Jours vont suivre au long cours. Il est en retard pour cause d’obsèques d’un ancien élu briard. La gendarmerie appelle le secrétariat pour d’ultimes préparatifs : Bruno Le Maire qui, le 24 février à Vesoul, vient d’officialiser sa candidature à la primaire de la droite pour l’élection présidentielle est attendu le lendemain à Coulommiers. On annonce du monde en soirée à la salle de la Sucrerie pour une réunion publique.
Dans le bureau au rez-de-chaussée de Franck Riester, rien d’ostentatoire pour surligner le lieu de pouvoir. Sur une étagère trônent des photos de De Gaulle sur le parvis de la mairie de Coulommiers en 1965, et en dessous - un peu cachée - une de Franck Riester et Bruno Le Maire, rencontrant Mahmoud Abbas en Cisjordanie. Le duo est désormais uni pour une bataille politique (créneau « transgression ») née d’un constat partagé : la France est au bord de l’insurrection
, les gens n’en peuvent plus
de la politique telle qu’elle va, il faut tout changer… Urgence !
Soleil trompeur sur Coulommiers. La liste des dysfonctionnements dressée par Franck Riester pour disséquer le rejet de la politique est aussi inquiétante que classique. En vrac : effondrement de la confiance dans l’Etat et les élites avec pour conséquence le repli communautaire, détestation de tout ce qu’incarnent les hommes politiques, absence totale de résultats, entre-soi de la caste
des dirigeants, promesses non tenues, manque de courage pour réformer, codes politico-médiatiques devenus insupportables, etc. Lui, espère un renouveau complet
, une grande bouffée d’air
. Question de survie, lui compris.
Franck Riester évoque ces patelins ruraux de sa circonscription où le Front national est arrivé en tête, à plus de 40%, aux régionales de décembre 2015 : Il y a peut-être parmi eux deux ou trois fascistes, tout le reste ce sont des gens qui n’en peuvent plus… Et ils ont raison.
Ce scrutin l’a définitivement convaincu qu’on ne peut pas continuer comme ça
. Au bord des champs, sur les marchés et même dans les réunions publiques clairsemées, il a senti cette lame des gens qui disaient :