Il y a quelques semaines, Anne Hidalgo en était certaine. Il était hors de question d’organiser une primaire populaire. Investie par le Parti socialiste et porteuse « d’un rassemblement » avec son « équipe de France des maires », la candidate à l’élection présidentielle allait défendre un « projet social-démocrate » qui n’avait rien à voir avec « l’offre politique portée par Jean-Luc Mélenchon » ou par celle défendue Yannick Jadot, ce dernier ne considérant pas assez « la question sociale » pour « réussir la transition écologique ». Il fallait donc qu’on laisse « le débat se dérouler » pour permettre aux Français de choisir le jour de l’élection. Depuis huit jours, Anne Hidalgo est de nouveau entièrement convaincue, mais du contraire. Pour que la gauche gagne, a-t-elle de nouveau déclaré ce vendredi midi au cours d’une conférence de presse, il faut « une primaire » afin de « rassembler la gauche et les écologistes », précédée d’« un certain nombre de débats », mais uniquement entre candidats de gauche. Une proposition faite quelques minutes après une annonce qui change la donne à gauche : Christiane Taubira envisage maintenant d’être candidate à la présidentielle, mais sans en être une « candidate de plus ».
Derrière ce changement de stratégie, il y a un trait de caractère propre à Anne Hidalgo : elle n’a pas peur de changer d’avis. Une malléabilité, ou une inconstance, que l’on retrouve aussi sur le terrain des idées. Aujourd’hui, la candidate se présente comme portant « avec fierté l’ambition d’une gauche socialiste, social-démocrate, écologiste et féministe » (extrait de son discours d’investiture à Lille, le 23 octobre). On s’est penchés sur sa carrière, et on a vu beaucoup de prises de position prenant le contre-pied de cette définition. Anne Hidalgo est souvent résumée à son engagement anti-voiture (ou pro-vélo) à la mairie de Paris, mais la candidate se caractérise avant tout par un pragmatisme mis au service d’un objectif : sa carrière.
Commençons par sa vie d’avant la politique. Anne Hidalgo s’est engagée tard : elle s’est présentée pour la première fois à une élection en 2001, à 41 ans, après avoir pris sa carte au PS en 1993. Auparavant, elle a été principalement inspectrice du travail (de 1982 à 1993). Une expérience qu’elle met en avant, par exemple lorsqu’elle rencontre des ouvriers en lutte (comme à l’usine Ferropem de La Léchère, le 27 novembre), et qui est souvent utilisée par la droite pour fustiger son antilibéralisme supposé. Sauf que