Les réquisitions tombent une à une. Au procès des sondages de l’Élysée, en ce mardi 9 novembre, la plupart des prévenus regardent leurs chaussures. Sur le banc des accusés, Patrick Buisson, ancien conseiller occulte de Nicolas Sarkozy, est celui qui prend le plus cher : deux ans de prison dont une année ferme et 100 000 euros d’amende sont réclamés par le parquet, notamment pour « recel de favoritisme » et « détournement de fonds publics ». Au cours du quinquennat de l’ex-chef de l’État, l’Élysée a réglé 2,7 millions d’euros, facturés pour la livraison et l’analyse d’études d’opinion à ses sociétés Publifact et Publi-Opinion. Patrick Buisson a lui-même fixé le tarif de ces prestations, auprès d’un certain Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Élysée, qui lui a « ouvert la cassette » du Château, selon les termes du procureur du Parquet national financier (PNF), Quentin Dandoy. Contre l’ex-plus proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, aujourd’hui âgé de 76 ans, le ministère public requiert un an de prison dont six mois avec sursis et 10 000 euros d’amende
Avant ces réquisitions, pendant près d’un mois, le procès a tourné autour de la commande publique de sondages. Si Nicolas Sarkozy en était particulièrement friand, d’autres chefs d’État avant lui en ont usé et abusé (lire l’épisode 2, « L’Élysée se shoote à l’opinion »). Mais, fait inédit entre 2007 et 2012, Patrick Buisson a pu « s’arroger des fonds publics avec la liberté de les engager », a aussi souligné le parquet, rappelant le refus de Patrick Buisson d’intégrer alors le cabinet du président de la République comme conseiller officiel, et sa volonté d’imposer ses sociétés en guise d’intermédiaires