Ils sont onze comme les onze doigts de la main. Ahem, pardon. Onze comme les onze nains. Non, pas plus ? Disons les onze mercenaires alors. Ah, une équipe de foot ? Vous êtes sûrs ? Bon, d’accord. Mais ne comptez pas sur nous pour faire dans la métaphore à base de ballon, genre onze ensemble sur la pelouse du stade BFMTV ce mardi soir, ah ça non. Ce qui est sûr, c’était que c’est la première fois que la totalité des candidats d’une élection présidentielle se retrouvaient pour un débat avant le premier tour. Et que ça valait bien son épisode de Volte-face sur la campagne.
Avant, il y a eu l’interminable débat de TF1 (lire l’épisode 5, « Le club des cinq et l’incroyable débat ») entre les cinq candidats en tête dans les sondages, déclenchant les hauts cris des six autres et surtout du plus bruyant d’entre eux, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) qui, ce soir-là, a fait le choix politique d’aller chouiner chez Cyril Hanouna, président du PDNDLS (Parti des nouilles dans le slip). Après, eh bien après, plus d’équipe de foot puisque Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a d’ores et déjà annoncé qu’« en toute hypothèse » il ne participerait pas au débat du 20 avril prévu sur France 2, suivi par Emmanuel Macron (En marche), et contaminant François Fillon (Les Républicains) et Marine Le Pen (Front national) qui doutent. Tout ce beau monde trouvant que trois jours avant le premier tour, la joute est légèrement risquée et appelant, appuyés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), à changer la date. Car dans cette très indécise présidentielle, les candidats jouent maousse à chacune de leurs prestations télévisées, et ce mardi soir, les moins connus d’entre eux ont eu leurs 17 minutes (le temps de parole imparti à chacun d’entre eux) de célébrité.
Dire si c’était le moment ou jamais de faire péter les adjectifs plus foufous les uns que les autres – « inédit », « décisif » – pour qualifier le débat coorganisé et diffusé par BFMTV et CNews. C quoi ? Dites donc, ne faites pas les andouilles, CNews, c’est le nouveau nom d’i-Télé réduite en miettes par Vincent Bolloré.
Au point que, si le débat est mené par chacune des têtes d’affiches des deux chaînes info, Ruth Elkrief et Laurence Ferrari, c’est clairement BFMTV qui est à la manœuvre, disposant de deux fois plus d’équipes (et de cinq fois plus d’audience, si on peut se permettre) que celle qui ne mérite même plus le nom de rivale.
Sinon, eh bien sinon, un studio télé de la Plaine Saint-Denis, le réalisateur Jérôme Revon aux caméras et les candidats disposés en un quasi-cercle selon un ordre déterminé par le tirage au sort.