Le système électoral américain est déjà complexe. Le Président espère désormais l’instrumentaliser à coups de procédures judiciaires.
Son rôle dans la série.
En 1995, ce juriste intègre l’équipe du procureur indépendant Kenneth Starr, qui enquête sur les soupçons de malversation financière en Arkansas contre le président Bill Clinton avant de s’intéresser aux accusations d’agression sexuelle de Paula Jones. Principal rédacteur en 1998 du « rapport Starr » qui amène la procédure en « impeachment » contre Bill Clinton, le jeune Brett Kavanaugh y dénonce avec beaucoup de détails les turpitudes sexuelles du Président. Fort de ce premier fait d’armes, il rejoint entre 2001 et 2006 l’administration de George W. Bush comme conseiller juridique de la Maison-Blanche, puis au poste crucial de « staff secretary » où il filtre les notes et mémos transmis au chef de l’État. Qui le récompense en 2006 d’une nomination comme juge fédéral à la Cour d’appel, la prestigieuse et traditionnelle pépinière des futurs juges à la Cour suprême. Pendant ses douze années à la cour, Brett Kavanaugh se révèle sans surprise un juge très conservateur dans ses arrêts, tranchant aussi bien en faveur du droit à détenir des armes que contre l’Obamacare. C’est pourquoi Donald Trump le nomme en juillet 2018 à la Cour suprême. Alors que sa nomination paraît assurée, elle se transforme vite en combat politique historique du fait des accusations d’agression sexuelle portées par Christine Blasey Ford – qu’il nie. Les démocrates réclament sa démission tandis que les républicains et le président Trump, lui-même accusé de multiples abus sexuels, font corps autour du juge au nom de la présomption d’innocence. Après une enquête superficielle du FBI, le juge Kavanaugh est finalement confirmé mais sans l’unanimité des sénateurs républicains. Depuis lors, Brett Kavanaugh, 55 ans aujourd’hui, est un juge discret à la Cour suprême, apparemment très marqué par l’épreuve subie et a semblé dans ses premières décisions moins conservateur que Neil Gorsuch, l’autre magistrat nommé par Donald Trump.
Par Corentin Sellin
Le système électoral américain est déjà complexe. Le Président espère désormais l’instrumentaliser à coups de procédures judiciaires.
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Au prix de luttes féroces, c’est dans les couloirs de l’institution que se réforme aujourd’hui le pays. Trump l’a bien compris…