Ils parlent tous de la moquette sale. Comme s’il était vraiment temps de changer. Au QG de campagne d’Emmanuel Macron, dans le XVe arrondissement de Paris, les militants de La planète Marche vivent un entre-deux. Portable à l’oreille, certains s’enferment au hasard dans des bureaux du sixième étage déserté pour passer des coups de fil. Sur les portes, personne n’a pensé à enlever les noms de ceux qui travaillaient derrière, comme Stéphane Séjourné ou Julien Denormandie, les artisans du mouvement qui ont rejoint l’Élysée ou le gouvernement. Au bout du couloir, une affiche avertit de ne pas claquer la porte : « EM » est peut-être « en interview » ou « simplement en rendez-vous ». Mais « EM » a quitté les lieux il y a plusieurs semaines déjà.
Ce samedi 8 juillet, le mouvement présidé par intérim par Catherine Barbaroux (très affairée dans son bureau dont la porte demeure grande ouverte) tient une « convention » porte de la Villette, à Paris. En marche, à l’heure actuelle une association, va devoir décider comment organiser la démocratie interne. Elle va changer ses statuts, se doter d’un organigramme et d’une direction très probablement collégiale, et se transformer en parti. Mais les permanents que je rencontre n’ont pas trop envie d’utiliser ce mot. Comme si, rien que dans l’appellation, ils sentaient un danger putride. Et les militants des comités et adhérents veillent à ne pas se faire oublier.
« L’argent public que nous allons recevoir ne servira pas à faire une armada de salariés et à entretenir la vie bourgeoise d’un parti », me dit d’emblée Anne Descamps, en charge de la communication et du développement.