Reboostés cet été, les socialistes assument être mauvais en com et ne penser qu’au fond. Mais n’ont ni spin doctors officiels, ni programme, ni candidat.
Je crois que j’avais deux fois l’âge adulte quand tout a déraillé. Pourtant, ça avait bien commencé : après l’École de supérieure de journalisme de Lille, j’avais fait mes armes au Nouvel Obs avant d’atterrir à Challenges. Certes, je travaillais beaucoup sur des déraillements de trains et d’entreprises, des crashs aériens et de grands patrons, mais ça roulait. Et puis j’ai déménagé à Marseille, et là, j’ai eu l’impression qu’on saturait d’un coup la lumière et la sono. Mes sources ont pris des couleurs, plus baroques et plus humaines, plus intenses et plus inattendues. J’ai appris la solitude du journaliste national sur un terrain qui n’aime pas trop Paris et que Paris n’aime pas vraiment, j’ai creusé mon sillon dans les zones rurales en quête d’eau et de réseau, mesuré l’ampleur et la violence de l’arrivée du fascisme avec vue mer et dans les collines. J’ai vu un cercueil se balader au stade Vélodrome, un cadavre exposé sur une scène de théâtre, et j’ai compris que si je voulais continuer de raconter le monde, je devais accepter de partir en vrille.
Reboostés cet été, les socialistes assument être mauvais en com et ne penser qu’au fond. Mais n’ont ni spin doctors officiels, ni programme, ni candidat.
Ses conseillers en communication s’échinent à « dédiaboliser » le parti d’extrême droite. Au point d’en faire aujourd’hui l’arbitre du jeu politique.