La déclaration était inattendue et elle marque l’effritement d’un pouvoir qui commence à craquer : l’armée algérienne abandonne Bouteflika. Le coup de théâtre est survenu après six semaines d’une protestation populaire intacte (lire l’épisode 1, « L’Algérie de se voir si belle ») : dans un discours diffusé en direct sur la télévision publique algérienne ce mardi, Gaïd Salah, le chef de l’état-major, a appelé à déclarer Abdelaziz Bouteflika inapte à gouverner. En écho, dès ce mercredi, c’est un autre fidèle du Président, l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, remercié le 12 mars dernier, qui demande son départ.
Depuis le siège militaire de la ville d’Ouargla, en plein Sahara, Gaïd Salah a invoqué l’article 102 de la Constitution algérienne : il établit que le président de la République peut être démis de ses fonctions « pour cause de maladie grave et durable » lorsqu’il se trouve « dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions ». Une condition totalement remplie tant semble précaire la santé d’Abdelaziz Bouteflika depuis son AVC en 2013.
Depuis une semaine, Alger baignait dans un fort climat de tension et les habitants attendaient vendredi prochain pour exprimer leur détermination, lors de nouvelles manifestations. Alors, peu après l’annonce de Gaïd Salah, les klaxons se sont fait entendre dans plusieurs quartiers de la capitale… avant de vite s’éteindre. Connaissant la proximité du général Salah avec le pouvoir, les Algériens se sont mis à douter.