Sophian Fanen a proposé une série radiophonique sur France Culture consacrée à la musique d’Amy Winehouse les 28 et 29 août derniers, dans le cadre des Séries musicales d’été.
La famille Winehouse a un plan. Elle ne veut pas que les paparazzis envahissent l’enterrement de leur fille, qu’ils viennent se mêler aux proches, piétiner les pelouses du crématorium de Golden Green, saccager le deuil inacceptable de perdre une enfant à 27 ans. Alors ils laissent fuiter une fausse information : l’enterrement aura lieu ailleurs, au cimetière d’Edgwarebury. Ça marche un moment, mais les contacts de la presse britannique sont devenus trop profonds dans l’entourage proche de la chanteuse au fil des cinq années qu’elle a passées dans le cyclone de la presse à scandale, apparaissant presque toutes les semaines en couverture du Sun ou de Closer, droguée, ivre et défaite, bien loin de la chanteuse fière et amusée qu’elle était à la sortie de Back to Black (lire l’épisode 4, « “Back to Black”, l’Amy prodigieuse ») en 2006. Le stratagème pas bien épais est vite éventé, il faudra bien dire adieu à Amy devant les flashs entassés à la sortie du cimetière. Seul apaisement, tous les voisins du lieu ont refusé de louer leur jardin et leurs fenêtres aux photographes qui cherchaient une vue sur la cérémonie.
Amy Winehouse n’aurait pas dû mourir cet été-là, cette année-là, ce 23 juillet 2011. C’est son garde du corps, Andrew, qui l’a trouvée, celui qui était devenu un de ses plus proches au fil des années, qui veillait sur elle en silence, essayait de la protéger d’elle-même autant que de la nuée épuisante des paparazzis. Il a passé une tête dans sa chambre ce matin-là, comme d’habitude. Tout était normal, Amy ne se levait souvent pas avant le milieu de la journée. Jusqu’à ce qu’il revienne quelques heures plus tard et la trouve dans la même position. Son corps avait lâché après une énième intoxication alcoolique, elle faisait à peine plus de 40 kilos à sa mort. Il ne s’est rien passé de particulier la veille, Amy aurait déjà pu mourir tellement de fois pendant ces dernières années passées à se battre contre les drogues dures, l’alcool, la dépression et la boulimie, où elle a essayé tant de fois de se soigner avant de retomber. Son médecin l’a déclarée en danger de mort à plusieurs reprises. « Arrêter et reprendre, c’est le pire, le corps fatigue terriblement et on va encore plus mal après », dit aujourd’hui Keren Meloul, plus connue sous son nom de chanteuse, Rose.