Dans Atomic Lorraine, chaque épisode est suivi d’un diaporama sonore qui se concentre sur un personnage de la série et son rapport au nucléaire. Aujourd’hui, Gérard Longuet, homme politique ouvertement pro-nucléaire (lire l’épisode 5, « Gérard Longuet, champion atomique ») et au passé sulfureux. Fils de militaire et membre fondateur d’Occident, un groupuscule d’extrême droite en faveur de l’Algérie française, le sénateur de la Meuse a fait le coup de poing dans sa jeunesse contre les manifestants d’extrême gauche. Un engagement qui le mènera jusqu’au tribunal, où il est condamné en 1967 à une amende pour « complicité de violence et voie de fait avec armes » en compagnie de douze autres militants, dont Alain Madelin et Patrick Devedjian.
À la dissolution du groupe en 1968, il participe à la création du GUD et d’Ordre nouveau, puis au programme économique du Front national, avant de réussir le concours de l’ENA. À sa sortie en 1973, il rejoint les rangs de l’UDF et du Parti républicain, puis se présente en 1978 aux élections législatives dans la Meuse, qu’il remporte. Figure de la jeune garde du Parti républicain, avec Alain Madelin et François Léotard, il devient ministre des Télécommunications sous Chirac en 1986, ministre de l’Industrie sous Balladur en 1993, et ministre de la Défense sous Sarkozy en 2011. Pendant sa traversée du désert dans l’affaire du financement occulte du Parti républicain, il reste à la tête de la région Lorraine et entretient plusieurs relations avec les entreprises du secteur de l’énergie, par le biais de ses sociétés de conseil. Il prend la tête de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques en 2017.
Lobbyiste patenté, intégré dans les grandes dynasties de l’industrie – il est le beau-frère par alliance de Vincent Bolloré et l’une de ses filles est mariée à l’un des fils de Serge Dassault –, le sénateur de la Meuse est aujourd’hui le seul élu dans le Grand-Est à avoir un carnet d’adresses capable de vous faire dévier un TGV, d’obtenir une gare supplémentaire ou une implantation d’EDF. Aujourd’hui, pour qui roule-t-il ? Pour le lobby nucléaire ? Pour la Meuse et la région ? Ou pour lui-même ? Dans sa permanence de Bar-le-Duc, l’homme fort de la Lorraine répond à nos questions.
Avec le projet Cigéo, l’ancien président de la région Lorraine espère créer une génération du nucléaire en Lorraine.
Entièrement voué à son rêve d’une « atomic Lorraine », le sénateur n’a-t-il pas peur d’enfermer son territoire dans un choix pour l’éternité ?