«Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. » Patrick Montel, commentateur de l’athlétisme pour France Télévisions, hurle dans son micro à l’adresse de Carolle Zahi, ce samedi 5 juillet. La sprinteuse française dont nous avons suivi toute la préparation vient de se faire éliminer dès les séries du 100 m aux championnats du monde de Londres. Totalement sonnée, encore essoufflée, elle répète la maxime nietzschéenne sans trop savoir quoi y ajouter. À la fin de l’interview, elle esquisse malgré tout un sourire et promet de revenir, mais la déception est palpable.
Nous ne l’avions jamais vue comme ça depuis le début de l’été. Il faut dire qu’elle ne nous avait pas habitué à des contre-performances. Dès le jour où nous l’avions appelée pour lui proposer l’idée d’une obsession, elle avait décroché les minima pour les mondiaux (lire l’épisode 1, « Sur la piste de Carolle Zahi »). Puis elle avait dominé les championnats d’Europe par équipe, bien résisté à la championne olympique Elaine Thompson lors du meeting de Paris-Charléty, et enfin remporté le titre national à Marseille (lire l’épisode 4, « Et 11 s 13 plus tard, Carolle Zahi est championne de France »). Son record baissait de course en course et sa saison se déroulait comme une inexorable marche en avant vers ce qui aurait dû être le sommet de sa saison, les championnats du monde. Mais samedi, Carolle Zahi, qui avait pour objectif minimal d’aller en demi-finale avant d’entrevoir une possible finale, s’est loupée dès les séries. Cinquième de sa course alors que seules les trois premières étaient directement qualifiées, son chrono en 11 s 41 ne lui a pas suffi pour être repêchée au temps.
C’est simple, depuis sa première compétition de la saison à Créteil au mois de mai, Carolle Zahi n’avait pas couru aussi lentement. Elle avait même enchaîné les lignes droites sous les 11 s 20, un temps qui lui aurait largement suffi pour se qualifier tranquillement en demi-finale. Que s’est-il donc passé ? « Elle ne fait pas un super départ puis pas un bon enchaînement et derrière, elle est crispée », explique son entraîneur Alex Ménal, qui a depuis analysé la course sur vidéo. « D’habitude, quand je ne pars pas bien, j’arrive à bien finir, ça n’a pas été le cas. À ce niveau-là, ça ne pardonne pas », ajoute Carolle Zahi, très déçue. Dans une série relevée, où figuraient deux des trois femmes qui sont finalement montées sur le podium (Marie-José Ta Lou et Dafne Schippers), elle ne pouvait viser qu’une troisième place.