Issu d’une famille traditionaliste et habité depuis l’enfance par la vocation de devenir prêtre, Henri s’est d’abord tourné vers la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, une communauté intégriste créée en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre, proche de l’extrême droite catholique (lire l’épisode 2, « La revanche de l’abbé Guérin »). Au bout de deux ans, fuyant ce qu’il décrit volontiers comme des « dérives sectaires », il quitte le séminaire d’Écône, en Suisse, pour rejoindre en 1998 celui de la communauté Saint-Martin, alors situé à Candé-sur-Beuvron, dans le Loir-et-Cher. Ses prêtres, s’ils affectionnent eux aussi la soutane et le latin, sont en pleine communion avec le Vatican. Croyant y trouver un refuge, Henri sera confronté à une réalité plus dure encore, plus personnelle du moins.
« C’était l’époque où il y avait une chasse aux homos au sein de la communauté, parce qu’ils avaient eu des soucis avec un prêtre ayant une vie parallèle », se souvient le quadragénaire. Une période que les Saint-Martin préfèreraient certainement oublier aujourd’hui. « On était repérés ou dénoncés, puis on était envoyés chez Tony Anatrella, où on faisait une sorte de thérapie de conversion. Si on refusait, on était éjectés du séminaire. » Mgr Tony Anatrella est alors une sommité dans l’Église catholique, reconnu comme expert notamment sur la question de l’homosexualité, que le psychothérapeute
Discret sur son orientation sexuelle compte tenu de son milieu d’origine, Henri est un jour dénoncé par un autre séminariste, qui fréquente lui-même des hommes à l’extérieur de la communauté et pratique la délation afin de se protéger. Les supérieurs du séminaire décident alors d’envoyer l’apprenti prêtre chez Tony Anatrella, à l’instar d’au moins trois autres séminaristes de sa promotion.