La nouvelle tombe le jeudi 6 avril 1871 : Adolphe Thiers nomme Marie Edme Patrice Maurice de Mac Mahon, duc de Magenta, maréchal de France, au poste de commandant en chef de toutes les forces militaires chargées de la défense de Versailles, où le gouvernement a fui (lire l’épisode 5, « 18 mars 1871, l’insurrection est venue »). Prisonnier à Sedan en septembre 1870, vite libéré, le légitimiste à barbichon et bajoues mollement impériales veut accrocher à l’opprobre de ses défaites contre les Prussiens la gloire de l’affreuse guerre que Versailles vient de déclarer à Paris et à sa Commune (lire l’épisode 6, « “Au nom du peuple, la Commune de Paris est proclamée !” »). Quatre jours plus tôt, le dimanche 2 avril, les escarmouches victorieuses sont flatteries que l’état-major prodigue à la troupe avec tout un fourniment de capotes, d’uniformes, de souliers, guêtres et képis neufs, fusils modernes, la solde à 3 francs 50, de breloques taillées à l’emporte-pièce pour poitrines vaillantes, de la soupe pas du rata. Les lignards libérés affluent par trains spéciaux à Versailles…
À Paris, la reculade des fédérés – pourtant réputés prompts à toutes les audaces – sous les obus versaillais, l’abandon des avant-postes de Courbevoie et Neuilly ont bousculé l’assemblée communaliste qui prend des résolutions énergiques le 4 avril : «Citoyens, les monarchistes qui siègent à Versailles ne vous font pas une guerre d’hommes civilisés; ils vous font une guerre sauvage. (…) Les services, momentanément désorganisés par la défection et la trahison, sont, dès maintenant, réorganisés. Les heures sont utilement employées pour votre triomphe prochain.» Dans ses proclamations, la Commission exécutive de la Commune mortifie l’attaque des conspirateurs royalistes qui siègent à Versailles, Zouaves pontificaux, « Bretons de Trochu », « Chouans de Charette », « Vendéens de Cathelineau » qui ne livrent pas une «guerre d’hommes civilisés» en égorgeant et fusillant les prisonniers. Dans son édition du 4 avril, La Vérité écrit que les Zouaves pontificaux criaient «Vive le roi! » et ajoute : «Aucun doute n’est possible sur ce fait». Le Cri du peuple assure que les troupes de Charette ont combattu sous le drapeau blanc, que les soldats avaient sur la poitrine un cœur de Jésus en drap tout aussi blanc sur lequel on lit «Arrête! le cœur de Jésus est là!»
La veille, à Belleville, à Montmartre, dans les faubourgs, l’attaque de Versailles fait une vive émotion, le rappel est battu, un brouillon d’armée se précipite vers les fortifications.