Petit à petit, la vérité émerge sur la pénurie de masques qu’a connue la France et qui nous a obligés à nous confiner pendant deux mois (lire l’épisode 1, « Masques : la grande mascarade »). Grâce à la commission d’enquête parlementaire sur le coronavirus, et à la série d’auditions d’anciens ministres et de directeurs généraux de la santé, une histoire à la fois banale et tragiquement funeste se dessine : afin de faire des économies budgétaires, il a été décidé de ne plus disposer d’un stock de masques suffisant pour protéger la population française en cas de pandémie de type grippale. Seulement, tout ne s’est pas passé aussi clairement et simplement : il n’y a pas un responsable qui s’est levé un matin et a fait savoir que son intention était de désarmer le pays face aux menaces sanitaires. Cela a pris du temps
Tout commence en 2010 par une victoire, qui n’est pas vécue ainsi : le très faible nombre de victimes de la grippe A (appelée aussi H1N1). 323 personnes seulement sont décédées en France alors que les pouvoirs publics, suivant en cela l’alerte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’étaient préparés à une épidémie d’envergure pour l’hiver 2009-2010. Articles ironiques, rapports critiques, commission d’enquête parlementaire… La ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot, est critiquée pour le coût démesuré de la campagne de vaccination (660 millions d’euros selon la Cour des comptes) et pour, comme le dénonce alors Élise Lucet dans l’émission Pièces à conviction, ses « deux milliards de masques » achetés pour faire face à une « catastrophe annoncée » qui n’est pas arrivée. Plus de dix ans après, Roselyne Bachelot est encore émue quand elle reparle de cette période.