Ils sont soupçonnés d’avoir racketté des dealers, revendu de la drogue et blanchi l’argent gagné par ce biais. D’après les informations obtenues par Les Jours et confirmées de source judiciaire, deux policiers de la brigade anticriminalité du XVIIIe arrondissement de Paris ont été mis en examen ce vendredi pour association de malfaiteurs, corruption passive, trafic de stupéfiants, blanchiment, faux en écriture publique, vol, détournement de fichiers, violation du secret professionnel et recel. L’un des deux a été écroué. Interpellés mardi 11 juin à 6 heures du matin, ils ont passé soixante-douze heures en garde à vue à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avant d’être présentés à une juge d’instruction parisienne.
Le principal suspect, Karim M., est un brigadier de 45 ans qui aurait fait plusieurs allers-retours entre la France et l’Algérie pour y dissimuler le produit du trafic. Il a été placé en détention provisoire tandis que le deuxième policier, âgé de 38 ans, reste en liberté sous contrôle judiciaire. Deux autres suspects, qui ne sont pas fonctionnaires de police, ont quant à eux été mis en examen pour corruption active de personne dépositaire de l’autorité publique, trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs. L’un a été incarcéré, l’autre placé sous contrôle judiciaire. Le parquet avait requis la détention provisoire des quatre mis en examen. D’après nos informations, au moins un autre policier de la BAC du même arrondissement a également été placé en garde à vue cette semaine, avant d’être remis en liberté et convoqué ultérieurement.
L’Inspection générale de la police nationale enquêtait depuis plusieurs mois sur les policiers impliqués, une information judiciaire ayant été ouverte en octobre 2018. L’IGPN a notamment sonorisé un véhicule de service pour pouvoir retranscrire les conversations qui s’y tenaient. Les affaires d’une telle ampleur, visant des policiers dans l’exercice de leurs fonctions et conduisant à leur incarcération, sont rares, très rares. En avril 2018, un policier de 57 ans, lui aussi en poste dans le XVIIIe arrondissement, avait été mis en examen et écroué pour corruption et trafic d’influence : il aurait accepté de l’argent de la part de gérants de bars, en échange de son indulgence. Le mois dernier, c’est un policier des Alpes-Maritimes qui a été placé en détention provisoire pour avoir fourni des informations confidentielles à des malfaiteurs locaux.