Beverly Glenn-Copeland, Transmissions (Transgressive Records, 2020)
Le nouvel album de Beverly Glenn-Copeland, Transmissions, n’est pas un nouvel album, mais on va faire tout comme. C’est une collection de treize titres dont un inédit jamais enregistré dans les années 1980 (River Dreams), les autres apparaissant ici dans des versions idéalisées, réenregistrées ou captées live ces dernières années. Si le disque s’appelle Transmissions, c’est tout sauf un hasard : il s’agit bien de faire passer ces chansons à la génération suivante, elles qui ont bien failli ne même pas avoir leur chance aujourd’hui. Quel gâchis ç’aurait été.
Né à Philadelphie en 1944 mais Canadien de cœur depuis ses années de fac à Montréal dans les sixties, Beverly Glenn-Copeland a grandi dans la musique, entre un père qui jouait du piano classique et une mère baignée de gospel. Lui, alors qu’il était encore une femme pour la société avant d’entreprendre une transition achevée en 2002, a appris le hautbois comme le chant lyrique et il reste beaucoup de cette base technique dans sa musique aujourd’hui. Mais c’est dans le folk que Beverly Glenn-Copeland pensait percer au début des années 1970, en sortant deux albums prometteurs qui étaient défendus par un manager qui était aussi celui des Doors alors en pleine lumière. Ces années restent floues, on aimerait savoir pourquoi ça n’a pas pris, mais Beverly Glenn-Copeland s’est peu à peu replié dans l’ombre, composant des musiques pour la télévision ou la radio, jouant pendant des années le rôle d’une musicienne dans l’émission pour enfants Mr. Dressup sur la chaîne CBC. Puis la vie l’a emporté ailleurs, jusqu’à livrer des pizzas à Phoenix, Arizona, pour se rapprocher de sa mère.
À travers tout cela, Beverly Glenn-Copeland a continué à écrire et enregistrer de la musique sans rien en attendre. Au piano rock façon Kate Bush dans At Last! en 1980, avec un clavier Yamaha DX7 et la boîte à rythmes Roland TR-707 dans le bien nommé Keyboard Fantasies (1986), une ronde de chansons douces aux motifs minimalistes et répétitifs directement inspirés du bouddhisme japonais Sōka Gakkai que pratique le chanteur depuis longtemps. Tout ça, et ce remarquable disque en particulier, peu de personnes l’ont entendu jusqu’à ce qu’un Japonais appelle Beverly Glenn-Copeland en sortant de nulle part un jour de 2015, lui demandant s’il avait encore quelques cassettes de Keyboard Fantasies à vendre.