De Kharkiv
Deux ans et un peu plus de deux mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par Moscou – et un an et demi après la contre-offensive de Kyiv –, le deuxième franchissement de la frontière par l’armée russe dans la région de Kharkiv s’est fait sans véritable surprise, et certainement sans rien du choc abasourdi ressenti par tout un pays le 24 février 2022. Officiels et analystes ukrainiens scrutaient depuis plusieurs semaines l’accumulation de forces du Kremlin dans la région russe voisine de Belgorod. Alors que Washington se décidait enfin à débloquer 61 milliards de dollars d’aide pour l’Ukraine (lire l’épisode 31, « En Ukraine, pluie de dollars contre déluge de feu »), le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov prédisait une « situation difficile » à partir de la « mi-mai ». L’armée russe était alors occupée à bombarder les infrastructures électriques d’Ukraine. Elle s’acharnait notamment sur Kharkiv, à 40 kilomètres de la frontière, et détruisait entièrement l’une des centrales thermiques de la région, plongeant la deuxième ville d’Ukraine dans le noir plusieurs jours d’affilée.
L’assaut est finalement venu le 10 mai sur deux portions de frontière, l’une directement au nord de Kharkiv, l’autre 15 kilomètres à l’est, en direction de la ville frontalière de Vovtchansk.