«Ya eu zéro plan social. » On commence à s’habituer, depuis 2015 que son empire croque, mastique et boulotte Canal+, aux rodomontades de Vincent Bolloré. Zéro plan social, jamais, ah ça non, c’est pas son genre à Bolloré, combien de fois l’a-t-il servie, celle-ci, que ce soit en interne ou en externe, par exemple au Sénat en juin 2016 ? Lors de comités d’entreprise ou « de management ». Et surtout, chez feu i-Télé, en septembre 2015, quand après avoir coupé toutes les têtes de la direction, Bolloré visite la rédaction pour tenter de la rassurer (lire l’épisode 9, « i-Télé sous Bolloré : la laisse et la délaisse »). « Il nous a dit en substance : “Il y a deux manières de faire avec une entreprise, soit on fait un plan social, et je n’en fais jamais, soit on investit et c’est ce que je vais faire” », se souvient un salarié. On sait comment la promesse se termina, un an après, par un plan social déguisé et le départ d’une centaine de journalistes à l’issue d’une grève sanglante (lire l’épisode 43, « i-Télé, de grève lasse »). Déguisé, le plan social, pour que Bolloré continue à faire le bravache. Mais OK, sur le papier, zéro plan social.
Jusqu’à ce vendredi matin. Où se tient à 10 heures au siège de Canal+ à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) – salle Forum, très précisément – une « réunion extraordinaire du comité d’entreprise ». Et c’est, selon nos informations, bel et bien un plan social qui va être annoncé. Avec deux volets : la fermeture du centre d’appels de Canal+ à Saint-Denis, en proche banlieue parisienne. Et, a minima, une renégociation de l’organisation du travail dans celui de Rennes (Ille-et-Vilaine). « C’est la dernière promesse de Bolloré qui s’écroule », commente un salarié.
« Information préalable en vue de la consultation sur un projet de réorganisation des Centres de relations clients internes. » Ainsi est libellée la convocation des membres du comité d’entreprise, dont Les Jours ont eu copie. En clair : plan social. D’abord, ce vendredi matin, « la réunion zéro », comme la décrit un salarié, avant une autre déjà fixée à la semaine prochaine qui va enclencher les négociations avec les syndicats. Des négociations qui devraient porter sur les conditions de départ, les reclassements dans le groupe et diverses mesures d’accompagnement (formation, etc.) pour ceux qui partent.
C’est donc le Centre de relations clients (CRC) de Saint-Denis qui est concerné, l’un des deux que détient Canal+, avec celui de Rennes.