Ce n’est pas la révolte que l’on attendait, mais la confrontation entre le chanteur canadien vétéran Neil Young, 76 ans, et le géant du streaming musical Spotify est devenue ce week-end le résumé de beaucoup des crispations qui s’empilent aujourd’hui entre les artistes et la plateforme suédoise. Difficile de mesurer l’impact à court terme de cette bisbille, mais elle ne sera certainement pas nulle, tant « l’affaire Neil Young »
Résumons les faits. Lundi 24 janvier, Neil Young, qui pour nos lecteurs de moins de 20… oh, pardon, 60 ans, est un rockeur canadien très influent qui a derrière lui de grands disques comme son classique éternel Harvest, la bande originale du film Dead Man ou plus récemment le surprenant Le Noise, lançait un ultimatum à Spotify par l’intermédiaire de son label. « Je veux que vous fassiez savoir à Spotify immédiatement AUJOURD’HUI (sic) que je veux que toute ma musique soit retirée de leur plateforme, disait Neil Young, dans un courrier qui a depuis été retiré de son site officiel. […] Je fais cela parce que Spotify diffuse de fausses informations sur les vaccins, causant potentiellement la mort de ceux qui croient à cette désinformation. » En cause, The Joe Rogan Experience, podcast libertarien et surtout podcast star de Spotify aux États-Unis, qui aurait déboursé quelque 100 millions de dollars (89 millions d’euros) pour s’en assurer l’exclusivité en juillet dernier. Ordinairement, l’animateur mène de longues interviews malpolies où il divague sur l’actu entre deux blagues transphobes ou racistes, mais dans l’épisode numéro 1757 du 31 décembre dernier, c’est un médecin antivax qu’il recevait. Ce qui a déjà été dénoncé par une pétition de 270 médecins américains au début du mois, alertant Spotify des dangers à laisser se diffuser un doute sur l’utilité et l’efficacité des vaccins. « The Joe Rogan Experience a un passé préoccupant de diffusion de fausses informations, en particulier concernant la pandémie de Covid-19 », expliquait notamment la lettre ouverte.