La photographie documentaire est affaire de distance et de temps. La distance indispensable par rapport au sujet, et le temps disponible pour accompagner ce sujet. Ainsi, Sandra Mehl photographie Ilona et Maddelena depuis 2015. Elle les a rencontrées par hasard, au pied d’un immeuble de la cité Gély, quartier gitan de Montpellier, où elle vit, et a été attirée par les deux filles. Découverte visuelle des attitudes libres et originales de celles qui deviendront les personnages principaux de son travail. Découverte plus profonde de la vie d’Ilona et Maddelena dans leur environnement familial et social. Sandra Mehl arrive à se faire accepter par les filles, puis par leur mère. Elle ne cherche pas à se faire oublier et assume sa place, celle de la photographe qui vient régulièrement documenter leur vie. Sandra Mehl photographie Ilona et Maddelena en s’impliquant profondément. Elle veut retranscrire la douceur et la liberté qui émane des deux filles.
Fidèle à une photographie documentaire qui revendique une vérité sur les choses, Sandra Mehl s’attache à retranscrire l’intime sans voyeurisme. Nous suivons ces deux filles qui marchent sur le fil de l’adolescence et de leur revendication d’une grande liberté de mouvement, de leur corps qui change et d’une liberté sociale en regard des normes. Ce travail a reçu le prix Les Jours au festival Les Boutographies de Montpellier. Sandra Mehl nous a accordé un entretien dans lequel elle raconte sa rencontre avec Ilona et Maddelena et parle de son approche de son travail photographique.
« Un jour, je tombe nez à nez avec ces deux adolescentes qui promènent leurs trois chiens. Et là, j’ai eu vrai coup de cœur, un coup de foudre visuel pour ces deux enfants. » Son Jeanne Boezec. Photo Sandra Mehl.
« Cette image-là représente vraiment les caractères de chacun. » Son Jeanne Boezec. Photo Sandra Mehl.
« Je suis présente et j’assume ça complètement. Mon appareil, je le sors, il est visible. On peut pas faire fi de ma présence. Je suis là en tant que photographe. Le fait d’assumer, ça amène de la clarté et rassure tout le monde. » Son Jeanne Boezec. Photo Sandra Mehl.
« Ilona et Maddelena ont une façon d’occuper l’espace, de se mouvoir, que je trouve amusante, poétique, rêveuse. » Son Jeanne Boezec. Photo Sandra Mehl.
« Dans mes photographies, on saisit que l’on est dans un milieu populaire, mais ce qui m’a émue, c’est la capacité d’Ilona et Maddelena à dépasser ça. » Son Jeanne Boezec. Photo Sandra Mehl.