«Qui a le pouvoir ? Qui gouverne ? » Quand un ministre se pose ces questions-là, il y a de fortes chances qu’il soit en train de déchanter sur sa propre capacité d’influence. Ce mardi 28 août, sur les ondes de France Inter, Nicolas Hulot a jeté l’éponge. Le ministre de la Transition écologique et solidaire n’avait, semble-t-il, rien décidé avant de s’exprimer à l’antenne – à l’annonce de sa démission, ses deux intervieweurs en étaient bouche bée. De son propre aveu, l’intéressé n’en avait informé ni le Premier ministre, Édouard Philippe, ni Emmanuel Macron, le président de la République qui, au lendemain de son élection, l’avait convaincu de rejoindre son équipe et propulsé ministre d’État, numéro 3 du gouvernement. Depuis un an, la liste des arbitrages perdus s’était fortement allongée : non-inscription de l’abandon du glyphosate dans la loi alimentation (lire l’épisode 14, « Loi alimentation : le festin des lobbies »), objectif de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité repoussé de plusieurs années, impossibilité d’empêcher l’entrée en vigueur provisoire du Ceta, l’accord de libre-échange Union européenne-Canada… « Ce n’est pas un de mes talents d’avaler les couleuvres », avait prévenu Nicolas Hulot en janvier dernier, lors de ses vœux à la presse. Mais pour justifier sa décision surprise de ce mardi matin, Nicolas Hulot a avant tout dénoncé le trop grand poids des lobbies. Et c’est le lobby de la chasse qui a servi de déclic.
Le lundi 27 août, la veille de l’annonce de sa démission, Nicolas Hulot était à l’Élysée, pour une réunion en présence de son secrétaire d’État, Sébastien Lecornu, et du président de la puissante Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen.