«Le plastique à usage unique n’est pas, en tant que tel, plus sûr que les contenants réutilisables, et pose des problèmes de santé publique supplémentaires lorsqu’il est mis au rebut. » Et pan, sur le bec ! Dépités d’entendre l’industrie claironner que le plastique est la meilleure protection contre le coronavirus (alors que c’est justement l’une des matières sur laquelle le Sars-CoV-2 résiste le plus longtemps), 120 scientifiques viennent de publier une déclaration commune pour remettre les pendules à l’heure : le plastique n’est pas le parangon d’hygiène qu’on voudrait nous faire croire (lire l’épisode 28 de la série Les lobbyistes).
Si on ne peut contester qu’en trente ans le plastique à usage unique est devenu indispensable en milieu médical, il est toutefois plus acrobatique de soutenir, sans nuance, que les plastiques « protègent les personnes » et « contribuent à la sécurité des enfants », comme le fait sur son site le lobby Plastics Europe. Des études de plus en plus nombreuses alertent en effet sur la toxicité des jouets, des meubles, des textiles ou des emballages alimentaires à base de plastique. En testant 34 objets de la vie de tous les jours, comme les pots de yaourt, les éponges de bain ou les flacons de shampoing, un groupe de chercheurs basé en Allemagne a découvert que trois quarts étaient toxiques. S’ils ont détecté 1 411 produits chimiques différents, seuls 260 ont pu être identifiés, plus de 80 % demeurant de parfaits inconnus. Surprenant : parmi les huit polymères testés, l’acide polylactique (PLA), fabriqué à partir d’amidon de maïs, s’avère l’un des plus toxiques. « Cela démontre que ce matériau biosourcé et biodégradable, bien que vendu comme une meilleure alternative, n’est pas nécessairement plus sûr que les plastiques conventionnels », notent les chercheurs. La faute à tous les additifs ajoutés au PLA pour lui faire acquérir les mêmes caractéristiques que le plastique issu du gaz ou du pétrole (lire l’épisode 3, « Les plastiqueurs sont fondus de pétrole »).
Ce qui exaspère le plus Martin Wagner, qui a participé à cette étude, c’est l’impossibilité de s’y retrouver : « Si l’on prend quatre pots de yaourt, deux sont toxiques et deux ne le sont pas. Comment le consommateur peut-il faire son choix ? » Car si les industriels sont tenus de mentionner les ingrédients des yaourts et autres shampoings, rien ne les oblige en revanche à détailler la composition du contenant. Un brin fâcheux quand on estime à