En moins de trois heures, c’est plié. Tout ce que contient la loi « climat et résilience » sur l’adaptation de l’emploi à la transition écologique, dans le titre II, « produire et travailler », a été débattu. Le temps de parole est certes compté. Mais c’est une autre raison qui, ce mardi, rend la soirée parlementaire apathique : il n’y a rien à défendre. C’est sans surprise du côté gauche qu’on résume le mieux la situation. « L’article 16, qui ouvre un nouveau chapitre, prétend adapter l’emploi à la transition écologique, mais comment le faire sans parler de la responsabilité climatique des entreprises ? », lance le député La France insoumise (LFI) Loïc Prud’homme. En effet, si le problème n’est pas posé, comment le résoudre ? La Convention citoyenne pour le climat (CCC) demandait notamment de conditionner les aides publiques aux entreprises à une réduction de leur empreinte carbone. Le 31 mars, alors que les débats avaient déjà débuté, l’ensemble des amendements d’un large spectre politique ayant traduit cette proposition de la CCC ont été déclarés irrecevables, ne pouvant dès lors être discutés en séance. Un escamotage de la question que le député communiste Hubert Wulfranc déplore. « Nous proposions différentes dispositions qui auraient pu donner lieu à un débat de fond sur la contribution à la transition écologique de tout un chacun, notamment de ceux qui sont à la tête de la stratégie industrielle de la France », explique-t-il au micro, avant d’en tirer les conclusions qui s’imposent à son groupe : « Nous serons peu loquaces sur l’article 16. »
J’aime à rappeler, dans cet hémicycle, qu’avant d’avoir des actionnaires, une entreprise a des salariés et crée de la richesse : il est important de rappeler cette base.
Tiens, Barbara Pompili n’est plus là pour leur répondre, à ces députés dépités. Sur les bancs du bas, c’est Olivia Grégoire, secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, qui la remplace. À Loïc Prud’homme, qui souligne qu’un amendement de LFI visant à taxer les dividendes des entreprises de 4 % au bénéfice de la transition écologique a également été jugé irrecevable, elle tient à remettre les pendules marxistes à l’heure. « J’aime à rappeler, dans cet hémicycle, qu’avant d’avoir des actionnaires, une entreprise a des salariés et crée de la richesse : il est important de rappeler cette base », entame-t-elle. Il est vrai que sur cette base, on ne peut pas discuter du fait qu’une entreprise émet aussi du CO2. Et pas qu’un peu, surtout pour les plus grosses d’entre elles.