Dimanche, fin d’après-midi de mai dans un quartier populaire de Montpellier. Un rideau de fer se lève lentement. Short orange fluo, tee-shirt, front perlé de sueur et biscotos saillants, le député Patrick Vignal reçoit dans son antre, le Cam. Quand il l’a créé, à l’âge de 20 ans, c’était un centre d’arts martiaux très centré sur le judo. C’est aujourd’hui un club de fitness moderne au site internet clinquant et avec piscine pour l’aquagym. On y vient brûler des calories ou faire du muscle à travers des activités aussi poétiques que le body pump, l’Aquatrio, le TRX suspension training (baseline : TRX, fais de ton corps ta machine
) ou le drainage anti-cellulite. L’affaire est entendue, Patrick Vignal est un sportif. Il est aussi un homme politique dont la circonscription législative s’étend de l’est de Montpellier jusqu’à Lunel. Un territoire créé ex nihilo par Nicolas Sarkozy en 2009 pour assurer la victoire d’un candidat UMP, à partir d’un découpage à la sociologie électorale locale très favorable à la droite. Raté ! À la suite de mauvais reports de voix et du fait de la puissance de l’extrême droite, c’est le judoka PS Patrick Vignal qui est allé ouvrir une succursale politique au Palais-Bourbon.

Les fameux événements de Lunel
, comme disent pudiquement nombre d’élus du coin à propos des jihadistes, lui ont soudain apporté lumière médiatique et visibilité politique. Car lui s’est immédiatement engouffré dans la brèche, à travers un activisme tous azimuts : interpellation du gouvernement lors des séances de questions d’actualité à l’Assemblée nationale, appel à « projets citoyens » financés sur sa réserve parlementaire pour 55 000 euros, défilé de ministres à son initiative (de celui de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, à celle du Travail, Myriam El Khomri, en passant par Hélène Geoffroy, secrétaire d’État à la Ville), mobilisation de ses réseaux et de fonds pour accélérer la création d’une école de la deuxième chance et l’ouverture (en avril dernier) d’un établissement labellisé « Grande école numérique ».
Dans le cadre de son appel à projets citoyens, Patrick Vignal a accordé une généreuse rallonge à l’US Lunel pour financer l’organisation d’un tournoi de freestyle. Mais comme tout est compliqué à Lunel, il me confie, quelques semaines après, lourd de sous-entendus, que le président du club, Rachid Taïbi, n’est pas l’homme qu’il prétend être
. Un soir de début juin où nous discutions, en compagnie du photographe des