Depuis le début de l’année, l’adresse d’un médecin et psychanalyste, le docteur G., circule parmi les adhérents de Life for Paris. Plusieurs dizaines de survivants se rendent dans son cabinet parisien, au rez-de-chaussée d’un immeuble haussmannien, près des jardins du Trocadéro, dans une rue en coude où les Tesla et les Mini Cooper roulent au pas. Certains souffrent d’insomnie et de troubles intestinaux, d’autres de bégaiement et d’hypervigilance, d’autres encore d’anxiété ou de pertes de concentration.
Florence prend rendez-vous chez ce médecin à la fin du mois de juillet 2017. À quel titre espère-t-elle recevoir des soins ? En tant que proche d’un rescapé du Bataclan, Greg ? Quitte à être la seule patiente du cabinet à afficher ce statut ? Sans aucune prudence, elle indique au docteur G. être une victime directe du 13 Novembre (lire l’épisode 3, « Une victime est née »). Peu importe que ce médecin entretienne d’étroites relations avec les membres de Life for Paris, à commencer par sa présidente.
Le 4 septembre 2017, devant la porte de ce cabinet, Florence tombe nez à nez avec une adhérente de l’association. Celle-ci, étonnée par cette rencontre, s’en ouvre au conseil d’administration. Ce renseignement ouvre une piste inédite pour les bénévoles. Si certains commençaient à se poser des questions sur l’existence de Greg (lire l’épisode 9, « La piste du fantôme numérique »), aucun d’entre eux n’avait imaginé que la styliste puisse elle-même être répertoriée comme victime auprès de la police et du Fonds de garantie. Ils savent désormais dans quelle direction chercher.
Le « Facebook Safety Check » de Florence est vite retrouvé. Ce dispositif, conçu pour rassurer les proches en cas de catastrophe naturelle, a été déployé pour la première fois en France dans le cadre des attentats du 13 novembre 2015. Cinq millions de personnes l’ont utilisé au cours de cette nuit. Parmi elles, Flo. L’habitante du Val-de-Marne a ainsi indiqué être « en sécurité pendant les attaques », précisant même à l’une de ses amies : « T’inquiète, je devais sortir ce soir mais j’annule ! »
À la demande du staff de Life for Paris, plusieurs administrations acceptent d’effectuer des vérifications. En une seule soirée, les découvertes se multiplient. Aucun « Grégory Sanenco » ne figure sur la Liste unique des victimes (LUV) établie par le parquet de Paris. C’est pourtant le nom que Greg a fini par communiquer à