L’éruption de colère déclenchée par la mort de George Floyd aux États-Unis le 25 mai 2020 n’a pas fini de secouer la France, notamment à travers le combat du comité Vérité pour Adama, remis brusquement à l’avant-scène. Mais cette rencontre mortelle entre un jeune homme noir et la police française n’est ni la première, ni la dernière. Ainsi, l’histoire de la mort de Lamine Dieng, un jeune Franco-Sénégalais de 25 ans, et du combat de sa famille pour obtenir un procès en est une autre mais moins visible. Pendant treize ans, la famille Dieng s’est battue. Pendant treize ans, elle n’a rien lâché pour que les policiers impliqués dans la mort de Lamine, le 17 juin 2007, comparaissent et rendent des comptes. Mais ce n’est jamais arrivé. Un premier non-lieu a été prononcé en 2014, confirmé en appel en 2015 et entériné par la Cour de cassation un an plus tard. Ultime recours, la famille s’est tournée en 2018 vers la Cour européenne des droits l’homme. Et en juin 2020, presque en catimini, un règlement à l’amiable est signé : la France reconnaît ne pas avoir respecté la Convention européenne des droits de l’homme et doit verser 145 000 euros de dédommagement à la famille Dieng.
Comme tous les ans depuis la mort de Lamine Dieng, le comité Vérité et justice pour Lamine organise un rassemblement à Paris. Ce 20 juin 2020, il est annoncé à 13 h 12, histoire que la préfecture comprenne bien le message. Une caméra de BFMTV suit de près Assa Traoré, qui enlace chaleureusement Ramata Dieng avant de témoigner au micro : « Quand mon frère est mort, elle était là tout de suite. […] Aujourd’hui, c’est normal que l’on soit là auprès d’elle comme elle fait avec toutes les familles. » Si, pendant treize longues années, Ramata Dieng, la grande sœur de Lamine, s’est battue pour obtenir justice pour son frère, elle a aussi créé il y a dix ans le collectif Vies volées, structure de soutien juridique et psychologique dédiée à l’aide aux familles victimes de violences policières. Cet engagement l’a imposée malgré elle comme une figure incontournable de la lutte contre le racisme et les violences policières en France et à l’international. C’est précisément dans cette brèche, entre l’espoir de justice et la réalité du traitement judiciaire, qu’est né son engagement, radical. Les corps racisés ne bénéficient pas du même traitement que les corps blancs. Dans le documentaire