Malgré la relaxe quasi-générale prononcée ce jeudi dans l’affaire de Tarnac, le triomphe des prévenus et de leurs amis s’est réduit à sa plus simple expression : sourires de soulagement et embrassades à la sortie. Seuls Yildune Lévy et Bertrand Deveaud avaient fait le déplacement jusqu’à la salle d’audience pour assister au prononcé du jugement. Les six clients manquants de Jérémie Assous « ne [lui] ont pas donné d’excuses », précise l’avocat à la demande de la présidente. Celle-ci glisse un dernier commentaire sur leur absence, « à l’image de leur comportement » pendant le procès, avant d’entamer la lecture des motivations.
Pendant près d’une heure, Corinne Goetzmann expose publiquement le raisonnement du tribunal, dont l’issue tient en peu de mots : seul Christophe Becker est condamné. Quatre mois de prison avec sursis pour recel de vol et tentative de falsification, 500 euros d’amende avec sursis pour avoir refusé de donner son ADN et ses empreintes. Julien Coupat et Yildune Lévy, relaxés pour le sabotage de Dhuisy, sont reconnus coupables de refus de prélèvement ADN, mais dispensés de peine. Tous les autres prévenus, poursuivis (selon les cas) pour association de malfaiteurs, refus de prélèvement ADN ou recel, sont relaxés. Le procureur Olivier Christen avait pourtant requis la condamnation des huit prévenus à des peines de prison avec sursis, à l’exception de Julien Coupat et Yildune Lévy, pour lesquels la partie ferme de la peine demandée couvrait la détention provisoire déjà effectuée (lire l’épisode 11, « Dans ses réquisitions, le parquet flottant »). Le parquet a dix jours pour faire appel, sans quoi le jugement deviendra définitif. Ce qui permettrait à tous les prévenus ayant séjourné en prison de demander réparation à l’État.
Corinne Goetzmann avait donné le ton pendant tout le procès : elle tient à faire du droit. « Le tribunal s’est refusé à fonder sa décision sur des présomptions et des supputations », précise la présidente, attachée au principe de « loyauté des preuves ». Elle écarte ainsi le témoignage de Jean-Hugues Bourgeois (lire l’épisode 6, « Une histoire de témoin pas croyable »), dont l’audition sous X puis sous son vrai nom « s’apparente à un stratagème » pour induire en erreur la justice. Les accusations de dégradation en réunion à l’encontre de