Bruno Le Maire « aime l’automobile ». Il « adore conduire ». Alors Bruno, ci-devant ministre de l’Économie qui recevait lundi à Bercy la journée de la filière automobile en pleine crise existentielle, il ne faut pas le chauffer trop longtemps pour qu’il parte dans les tours. Il n’en était qu’à la troisième minute de son discours devant un parterre de petits et grands du secteur
Mais les mots ne sont qu’un habillage dans cette filière qui mesure tout en marges et en investissements. Ce qu’elle voulait, c’était obtenir du gouvernement un « plan d’urgence » d’aides sonnantes et trébuchantes, selon les mots de Luc Chatel, ex-ministre sous Sarkozy (en compagnie de Bruno Le Maire) et désormais patron de la Plateforme automobile (PFA), le lobby du secteur. « Nous ne sommes pas dans une logique de quémander, a encore dit Luc Chatel en quémandant. Nous sommes dans une logique partenariale. L’État a par le passé sauvé l’industrie automobile en France, il sait qu’elle est importante. » Des menaces à peine voilées, car il ne faudrait pas laisser sombrer une chaîne de constructeurs et de sous-traitants qui représente « plusieurs centaines de milliers d’emplois » et qui se retrouve au bord du précipice en cette fin d’année 2019. La faute à l’effondrement du diesel, qui aurait déjà entraîné la suppression de « 10 à 15 000 emplois », couplé aux objectifs européens de réduction des émissions de CO2 pour 2021 sérieusement compliqués par la mode absurde des SUV (lire l’épisode 4, « En 2021, le SUV va se prendre un mur ») et à l’électrification à marche forcée des véhicules particuliers. Bref, c’est la crise et l’automobile a besoin d’aide. Luc Chatel l’a clamé dans toute la presse depuis vendredi, au fil d’un savant plan com chargé de faire craindre le pire pour oublier les errances de l’industrie elle-même.
Bruno Le Maire, qui a même rappelé dans son discours qu’il est « abonné à Auto Plus » depuis longtemps, n’avait pas trop besoin d’être convaincu.